Radio Clapas : prison avec sursis et 36’200 € à payer pour l’ex-secrétaire

Le tribunal correctionnel de Montpellier vient de condamner l’ancienne secrétaire de la radio associative, Radio Clapas à un an de prison avec sursis et à rembourser 36’200 euros, détournés de la trésorerie, avant l’arrivée de la nouvelle équipe dirigeante. Récit.

Nelly, une petite femme alerte pour ses 80 ans s’avance à la barre du tribunal correctionnel de Montpellier, où elle est prévenue d’abus de confiance, entre août 2011 et fin juillet 2014, au préjudice de Radio Clapas, la radio associative d’ici.

C’était à l’époque de l’ancienne équipe et ce sont les nouveaux dirigeants de l’association Montpellier Contacts qui ont mis au jour une gestion financière basée sur une confiance aveugle faite à Nelly pendant des années. À l’audience, l’avocate des nouveaux responsables de Radio Clapas qui sont constitués partie civile relève l’existence d’un système, qui ne pouvait qu’aboutir à la tentation et au détournement de fonds facile : « Elle n’était que la secrétaire de Radio Clapas entre 2011 et 2014, mais, on lui confiait des tâches de trésorière en lui remettant par exemple des chèques en blanc, dont certains avec des sommes importantes. Elle les remplissait à son nom et le tour était joué ».

« En fait, je faisais tout »

Interrogée par le président Sébastien Colombet, la prévenue confirme et précise même : « Le trésorier élu depuis 2005 signait les chèques laissés en blanc, c’est moi qui les remplissait. En fait, j’étais la trésorière, et même je faisais tout ». L’avocate de l’association Montpellier Contacts assure au vu de la procédure, qu’« elle était même capable de d’établir un bilan financier ». Selon elle, « La nouvelle équipe de Radio Clapas a mis son nez dans les comptes et a levé le lièvre : ils ont découvert que des factures soi-disant payées par la secrétaire-trésorière ne l’avaient jamais été et que les chèques en blanc avaient atterri sur son compte bancaire ». Quand la nouvelle direction de Radio Clapas a pris les rênes, elle est tombée des nues en découvrant quelque 127’000 € de dettes.

Elle jouait au loto avec la carte bleue !

Selon le procureur de la République, Lionel Sabater-Bono, « Les détournements de fonds reprochés à la prévenue sont estimés à 36’200 €. Il énumère les sommes encaissées : 7000 €, 1231 €, 1080 €, 500 €, 850 €. Et vous n’étiez pas la trésorière ». L’avocate de la partie civile s’étonne également que l’ancien trésorier ait pu laisser la carte bleue de Radio Clapas à la disposition de la prévenue : « Elle jouait chaque semaine au loto avec la carte bancaire, c’est dire s’il lui faisait totalement confiance ». Nelly se défend face à ces accusations : « Je faisais des avances à la demande du trésorier de l’époque, notamment pour l’achat de petites fournitures. J’ai avancé une grosse somme au final. Il fallait bien qu’on me rembourse. Eh bien, je me suis remboursée avec les chèques en blanc et la carte bleue ».

Le président du tribunal note en date du 7 juin 2013 une facture de SFR de 135,46 € payée par l’octogénaire avec la carte bleue de Radio Clapas : « Mon téléphone fixe était en panne », sanglote-t-elle. Elle promet de rembourser Radio Clapas : « Je peux verser 500 € chaque mois ».

« Il manque le trésorier à cette barre »

L’avocate de Nelly fait part de sa surprise : « Elle est bien seule l’ancienne secrétaire et bénévole à tout faire. Il y a un grand absent à la barre des prévenus, le trésorier de l’époque, Robert S. qui a tout de même signé tous les chèques en blanc, en les laissant entre les mains de ma cliente. Il manque l’ancien trésorier de Radio Clapas à cette barre. Il a quand même fait preuve d’une bienveillance sans limite ». Elle remarque un fait troublant : « Dans le dossier, il y a des chèques en double, avec exactement les mêmes montants et les mêmes ordres. Personne n’a cherché à creuser cette curiosité, qui n’a pas profité à la prévenue ». Et elle n’est pas d’accord avec le préjudice estimé à 36’200 €. Elle l’estime à 15’300 €.

Endettée à la mort de son mari

L’avocate déplore qu’on tire à boulets rouges sur cette vieille dame, « alors qu’elle a été bien utile pour gérer la comptabilité et les finances de Radio Clapas pendant trois ans ». Elle révèle sur l’audience qu’après le décès de son mari, Nelly s’est retrouvée face à des dettes importantes. Et qu’il a fallu qu’elle trouve des fonds pour les régler. L’avocate de Nelly adresse une requête aux juges : ordonner une expertise psychiatrique. En clair : la vieille dame n’était pas responsable de ses actes.

Le procureur ne s’oppose pas à une telle expertise, mais doute de son efficacité, « elle n’éclairera pas le tribunal ». Il ne requiert pas de peine au terme d’un réquisitoire clément, eu égard visiblement à l’âge de Nelly : « Je vous propose d’ajourner votre jugement, par exemple jusqu’à la fin de l’année pour laisser la possibilité à la prévenue de rembourser, afin d’indemniser la partie civile, comme elle s’y engage ».

L’octogénaire a éclaté en sanglots dans le prétoire, avant de quitter le palais de justice, après sa condamnation qui est définitive. En effet, elle ne fera pas appel du jugement.

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