L’homme qui nous reçoit à la brasserie Tchoutchou est sur les rails depuis la tendre enfance. Prosper Masquelier a grandi entre les tables de poker et celles des restaurants. D’un côté, les casinos Partouche, propriétés de ses cousins et dirigés par son père, Jean- Marc, de l’autre, la Brasserie du Théâtre tenue par sa mère, Marlène. Sans oublier les établissements de son grand-père, Prosper Partouche, personnage emblématique de Montpellier, qui a ouvert sa première table aux débuts des années 70.
Celui qui a hérité de son prénom a, quant à lui, donné libre cours à son goût pour le spectacle. Organisateur de tournois de pokers, producteur d’émissions télé, participant d’un reality show, Prosper Masquelier, 36 ans a côtoyé, très tôt, tapis rouges et projecteurs. Mais c’est en homme d’affaire créatif et conquérant qu’on le retrouve aujourd’hui, avec la mise en orbite de son application Bravoloto, qui comptabilise aujourd’hui 4 millions d’utilisateurs.
Sous son air de rien, cet amuseur très “show off“ est également un hyperactif qui mène de multiples projets à fond de train. L’occasion de raccrocher les wagons le temps d’un déjeuner organisé au Tchoutchou, la nouvelle adresse familiale, à deux pas de la place de la Comédie, à Montpellier.
>> Fils et petit-fils de restaurateur, comment échappe-t-on à son destin ?
Prosper Masquelier : Tout part d’un simple constat : pour être restaurateur, faut être un gros travailleur. Ce qui n’est pas mon cas (rires). C’est tous les jours une remise en question, ça demande un investissement permanent. J’ai eu l’exemple de ma mère que j’ai vu travailler sans relâche, jamais de vacances, ni de week-end, ça ne s’arrête jamais. En revanche, je trouve un côté jouissif à recevoir et bien faire manger les gens. Mais en réalité, je n’y échappe pas vraiment puisque l’été, j’aide mon frère Maxime, qui dirige La Pampa, une plage privée. Je viens mettre mon grain de sel sur la partie communication, relationnelle car j’aime ça, rencontrer des gens, les voir passer du bon temps, s’amuser, c’est ça qui me plaît ! Sans compter que nous avons ouvert la brasserie Tchoutchou, près de la place de la Comédie, le meilleur rapport qualité-prix de la ville ! Alors vous voyez, même si on veut y échapper, ça nous rattrape…
>> … Et vous avez ce coté show man qui crée l’« ambiance » d’un lieu. Il faut rappeler qu’à 20 ans vous vous destinez à la scène ?
Oui, j’ai fait les cours Florent dans cette optique. Mais le sens du divertissement, ça remonte à bien plus loin. Mon grand-père avait une boîte de nuit et mon père est directeur de casino, donc quand tu nais dans un environnement comme celui-là, tu développes naturellement cette fibre. J’ai grandi en voyant ma famille divertir les gens. À 7 ans, j’avais le droit de rester jusqu’à 22h dans la boîte de nuit de mon grand-père, “Le Copacabana“. Je préparais les softs pour le bar avant que la musique démarre. Puis, je regardais les gens danser derrière le trou de la serrure. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, c’est tout.
Mais pour en revenir à votre question, il est vrai que l’un des mes grands rêves aurait été de faire un one man show. J’ai beaucoup d’admiration pour les gens qui font rire les autres. Ça me donne une idée : cet été, on pourrait faire Pampa Comedy un jour de la semaine, et découvrir des talents. Merci Métropolitain, nous avons peut-être trouvé une super idée ! (rires)
>> En tout cas, avec La Pampa vous cassez les codes des plages privées…
Peut-être, mais c’est sans le vouloir, on fait juste ce qui nous plait. Allez se faire une projection de lm un soir d’été à la plage, en plein air, avec sa femme et ses enfants, je trouve ça sympa. C’est comme les vendredis soirs, pour la Pampa Night Fever, il n’y a pas de carré vip parce qu’on n’aime pas cette idée de ranger les riches d’un côté et les pauvres de l’autre ! Nous, ce que l’on veut, c’est du mélange ! C’est ça la vraie fête.
>> Avant cela, vous vous êtes fait une réputation d’organisateur de tournois de poker peu communs. Comment fait-on pour convaincre, à seulement 25 ans, des stars d’Hollywood de participer à une partie de poker à Cannes, en plein festival ?
J’avais eu une réponse négative de la part du directeur du festival. Donc, je suis allé directement à Los Angeles négocier avec les artistes. Mon idée était d’organiser un tournoi de poker caritatif, à Cannes, face à la mer. Je crois que l’idée leur a plu, tout simplement. C’était glamour, sexy et surtout pour la bonne cause. Nous avions réuni 1 million de dollars pour des œuvres caritatives. Des stars comme Dennis Hopper, Adrien Brody, Woody Harrelson, Edward Norton, ou encore Salma Hayek ont participé, c’était extraordinaire. Le soir venu, on s’est aperçu qu’on avait déplacé le festival ! Ça a marqué les esprits, on m’en parle encore 10 ans après. Je dois dire que rien n’aurait été possible sans l’engagement de Patrick Partouche. J’ai démarré les jeux en ligne en 2005 et je n’ai connu mon premier vrai succès qu’en 2016 avec Bravoloto.
>> À cette époque, vous vous lancez également dans les jeux en ligne, avec beaucoup moins de veine
J’ai démarré les jeux en ligne en 2005 et je n’ai connu mon premier vrai succès qu’en 2016 avec Bravoloto. Entre les deux, c’est 11 ans de travail avec beaucoup d’échecs et quelques mini-succès. On apprend beaucoup de ces échecs, alors on peut dire que j’ai beaucoup appris (rires). Churchill disait : « Le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme ». Ce que je retiens, c’est qu’il faut se faire confiance et toujours y croire. Ça aide beaucoup dans les moments difficiles.
>> Expliquez-nous ce qui fait la réussite de votre application Bravoloto ?
C’est le loto le plus cool du monde puisqu’il est gratuit et que l’on peut gagner jusqu’à 1 million d’euros. Les joueurs ne payent rien, ce sont les marques qui achètent des espaces publicitaires qui font monter les cagnottes. En 15 mois, 4 millions de français ont déjà téléchargé l’application. On a des gagnants chaque jour, on créée des emplois, la société est en pleine croissance…
>> … Et vous avez un soutien de taille. Pour développer cette « idée de génie », vous vous êtes associé à Mr. GiFi…
C’est la rencontre de ma vie ! Pour moi, Philippe Ginestet, est le plus grand entrepreneur français des 20 dernières années. C’est un original parti de rien, et qui a bâti un empire. Au delà de la réussite financière, on sent tout de suite que son groupe a été monté avec le cœur. À titre personnel, c’est un actionnaire avec qui je peux échanger, et qui me laisse une grande liberté. Il ne m’a jamais rien interdit et c’est important pour moi, car je suis un entrepreneur dans l’âme.
Je pense que nous sommes partis pour travailler ensemble pour très longtemps, peut-être même pour l’éternité !
>> En tout cas, l’homme de communication que vous êtes n’a pas raté le lancement de Bravoloto…
Oui, et cela grâce à Rémi Gaillard. C’est mon ami d’enfance, le dessinateur Dadou, qui nous a présenté. Le courant est passé assez rapidement et nous avons fait une première vidéo qui a fait un carton, « I give you money », avec plus de 10 millions de vues sur internet. Rémi nous a mis rapidement sur orbite.
Ensuite, à force d’échanger ensemble, l’idée de la cage à la SPA est venue. Le projet a plu, nous avons récolté plus de 200 000 euros en quelques jours. Les chiffres étaient surréalistes : 44 millions de vues, 1,2 millions de likes, 1,4 millions de partages, 315 000 téléchargements de Bravoloto, et pour finir en beauté, la place de numéro 1 sur l’Applestore.
J’aime passer du temps avec Rémi car c’est un créatif hors pair. Il est aujourd’hui pour moi un vrai moteur, un compagnon d’aventure et surtout, un ami.
>> En revanche, avec la Française des Jeux, les relations doivent être moins amicales ?
Nous sommes en litige. Mais, je pense que ça se tassera avec le temps. Quand on a des idées novatrices et que l’on fait bouger les schémas établis, il y a toujours des gens que ça gène et qui tentent de vous freiner, mais c’est un combat d’arrière-garde. Sincèrement, je ne pense pas qu’ils aient beaucoup à craindre de nous.
>> Vous avez des vues sur l’international ?
C’est justement le projet en cours. On a déjà fait des tests en Espagne, en Allemagne et en Angleterre. On devrait ouvrir d’ici quelques mois au Brésil. Beaucoup de grandes marques nous font confiance et cela permet d’envisager le futur avec beaucoup de sérénité. En plus, je dois dire que je suis entouré d’une équipe géniale avec qui j’ai le plaisir, chaque jour, d’entreprendre. Grâce au soutien de Philippe Ginestet, nous sommes dans des conditions optimales pour notre développement.
>> Vous portez le même prénom que votre grand-père, Prosper Partouche, restaurateur emblématique de l’Écusson dans les années 70 et 80. Quels souvenirs gardez-vous de lui ?
Tout d’abord, je dois vous dire que je suis très fier de porter le même prénom. Je ne l’ai pas vraiment connu, car j’étais très jeune lors de son décès. En revanche, tellement de gens m’ont raconté des anecdotes sur lui que j’ai l’impression de l’avoir très bien connu !
Je pense que c’était un homme de cœur et un gros travailleur. Pour vous donner une idée, c’était un peu le « Roger Hanin » du couscous ! Sachez d’ailleurs que vous pouvez toujours venir le déguster tous les jeudis à La Brasserie du Théâtre, on a gardé la recette ! (rires) Plus sérieusement, il m’a donné beaucoup de force ; il a quand même quitté un pays, l’Algérie, du jour au lendemain, avec 4 enfants et une seule jambe, car il était amputé. Cela fait beaucoup relativiser quand je pense à mes problèmes.
>> Les projets à venir dans les prochains mois ?
Toute mon énergie se concentre aujourd’hui sur Bravoloto et son développement. Nous avons aujourd’hui 4 millions d’utilisateurs et l’ambition est d’aller encore plus loin avec un objectif de 20 millions d’utilisateurs dans les 5 prochaines années. Ce ne sera pas facile, mais nous y arriverons.
>> À LIRE. Tous les mardis, Métropolitain L’Officiel : à la une cette semaine, Prosper Masquelier.
>> À VOIR : la vidéo du sommaire de Métropolitain L’Officiel de cette semaine :