Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb est attendu ce vendredi matin à Montpellier pour lancer officiellement sur le terrain l’expérimentation de la Police de sécurité du quotidien -PSQ-, présentée hier à Paris.
En zone de police nationale, le quartier de la Mosson-la Paillade et ses 24’000 habitants à Montpellier, la zup de Pissevin et de Valdegour, à Nîmes vont recevoir jusqu’à 30 policiers supplémentaires à partir du mois de septembre. En zone couverte par la gendarmerie nationale, des compagnies périurbaines de l’Hérault, notamment celle de Castelnau-le-lez et du Gard -Vauvert, Alès et Bagnols-sur-Cèze- seront renforcées.
Objectif : placer les policiers et les gendarmes au coeur des cités sensibles pour un rapprochement avec les citoyens et surtout les jeunes, histoire de faire reculer les faits récurrents de la délinquance et des incivilités. Le ministre de l’Intérieur effectuera des visites à Montpellier, Saint-Jean-de-Védas et Mauguio dès 11h, jusqu’en fin d’après-midi, avec un déjeuner républicain en préfecture de l’Hérault.
Le syndicat Unité SGP Police FO guère enthousiaste
« Le syndicat Unité SGP Police FO prend acte de la mise en oeuvre de la PSQ, telle que définie par le ministre de l’Intérieur, et réaffirme son exigence d’assortir la création de ce nouveau “label” d’un apport conséquent et immédiat d’effectifs pour mener à bien les prérogatives assorties à cette nouvelle doctrine. Nous considérons qu’il ne peut s’agir que d’un jeu de chaise musicales : à effectif constant, déterminer une nouvelle stratégie d’emploi, définir ce nouveau concept sécuritaire en orientant les forces de sécurité vers de nouvelles missions, assorties ou pas de moyens et matériels supplémentaires est loin d‘être suffisant et positif pour les personnels », réagit ce vendredi un responsable national.
De son côté, le Montpelliérain Bruno Bartoccetti, délégué régional du syndicat ajoute : « L’’activation de la PSQ doit susciter l’adhésion et l’implication des effectifs qui vont la composer et mener les actions stratégiques déterminées. Or, ce que considère Unité SGP Police FO, au travers du ressenti et du malaise exprimé par les policiers depuis plusieurs années à présent, c’est qu’une fois encore, on néglige leurs véritables attentes, alors qu’ils espèrent mener leur mission avec efficacité, bénéficiant d’un soutien hiérarchique mais aussi judiciaire, avec des réponses pénales adaptées afin de reconnaitre et plébisciter leur travail, on fait abstraction de leur détresse relative à leurs conditions de travail, horaires atypiques, décalés, en H24 avec permanences de jour, de nuit, des rappels, des décalages et des personnels de voie publique qui travaillent 5 week-end sur 6 au détriment de leur vie personnel et familiale. Enfin on méprise ce désespoir qui a occasionné en 2017 une cinquantaine de 50 suicides dans une corporation en véritable souffrance ».
La venue de Gérard Collomb à Montpellier intervient au lendemain du suicide du commandant fonctionnel du commissariat de police de Béziers, à son domicile de Castelnau-le-Lez. Âgé de 61 ans, un des adjoints du commissaire central de Béziers s’est donné la mort avec son arme de service, hier à l’aube. Une autopsie va être réalisée et l’enquête est confiée aux gendarmes.
Histoire de quotidien
Pour Unite SGP Police FO, « Le quotidien des policiers doit passer avant la police du quotidien. L’espérance et les attentes des Policiers sont immenses, le chantier annoncé cet été de la PSQ a surpris par le décalage entre l’expression d’une réalité du vécu quotidien des personnels, relayée auprès de tous les députés depuis fin juin et la réponse politique d’une nouvelle doctrine qui ne se met pas en forme sur les fondements d’une corporation apaisée, motivée et déterminée. Le quotidien des policiers du terrain. Ceux de l’investigation croulent sous les procédures, notifications, obligations, contraintes qui pourrissent leur action, entravent l’efficacité de leurs investigations, ralentissent les enquêtes au point que la chaîne judiciaire se grippe.
Quant à la réponse pénale, inadaptée, souvent très faible, sans aucun impact dissuasif, elle contribue à générer le sentiment d’impunité observé ces dernières années et qui explique les provocations et l’aplomb affiché par les trafiquants dans certains quartiers avec des opérations promotionnelles lors de leurs deals, le développement d’un véritable marketing dans l’exercice des trafics, et les actes de violence et de rejet envers toute forme d’autorité. Ainsi les policiers, qui avaient exprimé d’impérieuses priorités, absolument nécessaires pour redynamiser leur vocation de garantir la sécurité publique, s’apprêtent à subir avec amertume et sans enthousiasme la mise en œuvre de cette PSQ ».
Cet après-midi, en rencontrant des fonctionnaires de la Sécurité publique dans le bureau de police de la Mosson-la Paillade, au coeur d’une des zones de sécurité prioritaire de Montpellier, le ministre de l’Intérieur aura l’occasion de prendre vraiment la température…
La vidéo du lancement de la PSQ