MÉTROPOLE. Si après l’annonce par Philippe Saurel de la création d’un groupe La République en marche et apparentés et la demande faite aux vice-présidents de le rejoindre ou de démissionner, on pouvait s’attendre à un conseil métropolitain agité hier soir, il n’en fut rien. Des élus concernés se sont exprimés en attendant les décisions rendus lors d’un conseil exceptionnel le 5 juillet.
En préambule au conseil de métropole, Philippe Saurel a informé l’assemblée de la création du groupe qu’il a lui même souhaité et qui sera présidé par Abdi El Kandoussi. Le président de la Métropole a indiqué que d’autres groupes étaient en cours de constitution et qu’ils rejoindraient ceux déjà en place (Les Républicains et Libres et Humanistes).
Audrin, seul démissionnaire
Parmi les sept vice-présidents (sur 20) à ne pas rejoindre le nouveau groupe, Jean-François Audrin (LR) est le seul à avoir donné sa démission. Il s’en est expliqué : « Quand j’ai été élu conseiller régional, je suis venu vous voir en considérant que j’appartenais à un groupe politique et il me semblait opportun de vous présenter ma démission. À ce moment, vous m’avez dit que l’on pouvait attendre de voir comment les choses évoluaient. Aujourd’hui, vous créez un groupe politique ». Le maire de Saint-Georges d’Orques argumente : « Nous travaillons depuis des années au sein de la Métropole, et de l’agglomération avant, en dépolitisant les débats. À aucun moment il n’a été question de politique partisane et nous avons fait un travail énorme, fantastique et j’en suis tellement heureux » en poursuivant « Si je devais appartenir à un groupe, il serait en accord avec les convictions que je porte depuis des années. C’est impossible pour moi d’appartenir à la fois à un groupe En marche et à un groupe Les Républicains ou en tout cas de droite ». Il quitte ainsi sa délégation à la biodiversité, la culture scientifique et technique en ne manquant pas de saluer les services et les autres conseillers. Philippe Saurel a salué la clarté de sa position.
« Il a raison de rigoler »
Une heure plus tard, au détour d’une question de René Revol (FI) sur la mise en place des Projets d’Intérêt Communautaire, Philippe Saurel répond en précisant qu’il s’agit de la suite du pacte de confiance des maires provoquant le sourire de Joël Raymond (LREM) qui ne rejoindra pas la majorité métropolitaine. Une attitude qui fait dire à Philippe Saurel : « Il y a le député suppléant qui rigole. Il a raison de rigoler. Il faut en profiter tant qu’on est joyeux ». Le maire de Montaud, remplaçant de la députée LREM de la 3e circonscription Coralie Dubost, ne rejoindra pas la majorité métropolitaine qu’il considère comme une contrefaçon du mouvement présidentiel.
Catherine Dardé : « Je pense que nous avons bien travaillé »
Quelques minutes plus tard, Catherine Dardé (dissidente LR), déléguée à la cohésion sociale, intervient à son tour : « J’ai appris dans la presse qu’un conseil extraordinaire se déroulera le 5 juillet durant lequel ma délégation sera supprimée. Comme je suis bien élevée, je voudrais quand même remercier tous mes collaborateurs de la Ville et de la Métropole qui ont travaillé sur le dossier de la politique de la ville notamment et ceux qui ont signé avec nous le Contrat État Ville. Nous avons travaillé ensemble dans un esprit de service pour les habitants de ces quartiers ». Et comme un adieu à sa délégation elle conclut : « Les enjeux sont énormes, nous n’avons certainement pas réalisé l’ensemble des objectifs mais je pense que nous avons bien travaillé pour donner de l’espoir aux habitants de ces quartiers ».
L’intégrité politique d’Isabelle Touzard
Au moment de désigner des représentants de la métropole au sein de l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat en raison de la modification de ses statuts, Isabelle Touzard (DVG), déléguée à l’agro-écologie et à l’alimentaire, qui fut présidente de l’agence montpelliéraine durant 3 ans intervient : « Nous avons proposé de faire évoluer les statuts de l’ALEC pour mieux prendre en considération les communes autres que Montpellier dans la gouvernance de cette agence qui travaille étroitement avec les communes. Je me réjouis que cette modification de statut soit votée aujourd’hui. Je comprends que je ne suis pas proposée pour représenter l’ALEC pour la métropole ce soir. J’imagine que cela est dû au fait que j’ai décidé, à l’unanimité avec mon conseil municipal de ne pas rejoindre le groupe LREM que vous venez de créer ».
La maire de Murviel-lès-Montpellier poursuit : « Je précise que la liste Murviel notre avenir qui s’est présentée pour la première fois en 2014, a été élue face à trois autres listes à 60 % des voix au premier tour, est une liste divers gauche, citoyenne et écologiste. Cette liste n’est pas plus proche de la France Insoumise que du Parti Socialiste, des partis du centre ou de la République en marche. Par contre, nous avons pris un engagement face à nos électeurs en 2014 et nous le tiendrons durant tout le mandat. Nous ne rejoindrons pas un groupe politique ou apparenté à la métropole par respect pour le contrat que nous avons avec nos électeurs. Nous estimons à Murviel que nous sommes en plein dans l’esprit de la République en marche, dans les principes qu’elle annonce. Je suis au regret de constater que dans l’exécutif de la métropole, même si je comprends la création de ce groupe, que l’exclusif soit donné à ce groupe pour l’exécutif. Il me semble que l’esprit de LREM n’est pas d’exclure mais de rassembler y compris les démarches citoyennes dans la gouvernance. Je suis désolé de cet état de fait ».
Philippe Saurel tient alors à préciser : « Il s’agit ici de l’ALE de Montpellier et que théoriquement elle aurait dû être proposée à un élu de Montpellier. Chose que je n’ai pas souhaité et je vous avais demandé à l’époque de bien vouloir assurer la présidence ». Philosophe, Isabelle Touzard conclue : « J’ai beaucoup apprécié et j’imagine que nous passons dans une nouvelle ère et une nouvelle façon de gouverner la métropole ». Quelques minutes plus tard, elle remercia chaleureusement l’ensemble des services avec qui elle a travaillé au sein de sa délégation.
Revol prêt à rester
Abordant des affaires liées à la régie des eaux, René Revol (FI) son président intervient : « Je voudrais préciser que tant que le président de la métropole ne m’a pas signifié officiellement que mes délégations m’étaient retirées, elles ne sont pas retirées. Et tant que cette assemblée n’a pas supprimé mon poste de vice-président, j’assumerai totalement mes responsabilités. La seule chose c’est que je suis toujours prêt à les poursuivre tant que faire se peut comme je l’ai fait jusqu’à maintenant ». Tout comme pour Jean-François Audrin, Philippe Saurel a salué la clarté des propos du remplaçant de la députée de la 2e circonscription Muriel Ressiguier (FI).
Meunier malicieux
Intervenant sur une affaire impliquant sa délégation de la prévention et la valorisation des déchets, propreté de l’espace public, Cyril Meunier (DVG) a glissé malicieusement : « Il y a un très gros travail à faire dans les trois ans. Je souhaite bon courage à qui le remplira ». Le maire de Lattes a tenu une conférence de presse dans la semaine pour annoncer qu’il ne comptait pas démissionner, tout comme Isabelle Touzard.
Dernière évocation de France Jamet qui par une prise de parole tenta de mettre « un peu de piment dans cette soirée où tout baigne dans le consensus et le non dit ». Elle ne provoqua que quelques rires et un léger soulèvement de l’assemblée. À Philippe Saurel de conclure un conseil relativement terne en donnant rendez-vous le 5 juillet à 15h.