PR0JET. Comme Métropolitain l’a révélé ici vendredi soir, la Ville de Montpellier a saisi ces derniers jours le procureur de la République d’une plainte visant le collectif Luttopia et ses quatre responsables, après la découverte de la profanation du cimetière du couvent et de l’église des Récollets, sur le site des anciennes archives du Département de l’Hérault, dans le quartier des Beaux-Arts. Le projet de construction des archives municipales est bloqué par l’occupation illégale de dizaines de squatters, des SDF qui ont déterré des crânes et des ossements humains pour installer un jardin potager. Focus sur ce projet de 7 M€.
C’était le mercredi 19 juillet dernier, Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole -3M-, Sonia Kerangueven, adjointe au maire de Montpellier, déléguée à la culture et au quartier Hôpitaux-Facultés et Chantal Lévy-Rameau, conseillère municipale, déléguée au patrimoine ont présenté le projet des archives municipales. Elles sont actuellement stockées dans deux lieux distincts : les archives contemporaines sont conservées dans le sous-sol de l’ancienne mairie, tandis que les archives dites « historiques » – c’est-à-dire allant de la création de la cité à 1914 – sont quant à elles, stockées dans les entrepôts de la médiathèque Emile Zola.
En 2013, la Ville de Montpellier a fait l’acquisition de l’ancien bâtiment des archives départementales de l’Hérault, situé avenue de Castelnau dans le quartier Beaux-Arts, afin de regrouper et de conserver dans un seul lieu, les deux fonds d’archives et de pouvoir également y accueillir les archives métropolitaines.
En 2020
Le futur bâtiment des archives municipales abritera ainsi, en 2020, les dix kilomètres d’archives existants et les 300 mètres qui s’y ajoutent chaque année. Néanmoins, le futur bâtiment des archives doit être réhabilité, une opération qui s’élève à 7 M€.
« Actuellement les archives sont réparties dans les divers lieux de la Ville. Il était ainsi important de pouvoir centraliser en un seul lieu, l’ensemble de la mémoire de Montpellier. Avec ce nouveau bâtiment, il s’agit également de proposer une offre culturelle complète autour de la mémoire puisque le Centre Régional d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, actuellement à Castelnau-le-Lez – commune de la métropole de Montpellier – sera intégré au rez-de-chaussée du bâtiment et proposera un espace de mémoire dédié aux heures noires de l’Occupation pendant la Seconde Guerre mondiale » souligne Philippe Saurel.
7300 m2 de surface
Le projet des archives municipales consiste à réhabiliter, sans changement de destination, le bâtiment des archives anciennement occupé par les archives départementales de l’Hérault pour y accueillir les archives de la Ville de Montpellier et de la métropole. Conçu et réalisé par l’architecte Maurice Charrier en 1975 en extension d’un dépôt d’archives existant depuis 1951, ce bâtiment sera, via cette opération de réhabilitation, remis en service sur une surface de 7300 m2, dont environ 5 000 m2 seront dédiés au stockage.
La réhabilitation du bâtiment permettra d’utiliser et d’aménager les espaces existants en valorisant les éléments patrimoniaux du site pour créer un équipement culturel destiné à accueillir le grand public, les 21 agents des archives municipales. Pour cela, l’opération consistera à aménager les espaces de conservation existants pour disposer d’un bâtiment qui sera mis aux normes de sécurité incendie, solidité et accessibilité et conforme aux contraintes de conservation des documents.
Sur 4 étages
Nous vous proposons une rapide visite guidée du futur bâtiment des archives municipales, un espace dédié à la mémoire de Montpellier. Il s’étendra sur 4 étages : le rez-de-chaussée, tout d’abord, accueillera sur 400 m2, le Centre régional de la résistance et de la déportation – actuellement à Castelnau-le-Lez.
Ensuite, deux niveaux seront consacrés à la conservation des archives contemporaines. Un niveau sera, quant à lui, dédié aux archives dites « historiques », c’est-à-dire aux documents allant de la création de la ville à 1914. Afin de conserver ces archives dans des conditions optimales, ledit niveau sera traité en hygrométrie et température contrôlées.
Enfin, un niveau accueillera d’une part, les besoins fonctionnels des archives et d’autre part, une salle de lecture. Dans le cadre de cette opération de réhabilitation, plusieurs aménagements sont proposés : des espaces d’accueil avec locaux annexes en partage avec le Centre régional d’histoire de la résistance et de la déportation; des espaces ouverts au public pour mettre en valeur l’offre culturelle de l’équipement avec une salle de projection, une salle de lecture, un atelier pédagogique et une salle de conférence.
Plans, maquettes, objets 3D, photographies
Ces espaces pourront s’organiser comme suit : espaces de travail destinés au personnel de l’équipement, des espaces de stockage des archives avec des magasins de 200 m2 maximum destinés à stocker les archives dites « historiques » et les archives contemporaines; des magasins spécifiques seront également installés pour accueillir les plans, les maquettes et objets 3D, les photographies, les supports magnétiques et électroniques.
Enfin, des locaux dédiés à l’archivage électronique seront aménagés. Au total, l’équipement offrira une capacité de stockage globale de 22’500 mètres linéaires en rayonnages fixes. Des espaces de maintenance et des espaces de stationnement sont prévus.
Quatre candidats à la maîtrise d’oeuvre
Il y a quatre candidats à la maîtrise d’œuvre du projet. Une première consultation de maîtrise d’œuvre a eu lieu en novembre 2015 mais qui a fait l’objet d’une déclaration sans suite, aucun des candidats en compétition n’ayant pu proposer la réalisation du programme d’aménagement avec le budget initialement prévu, à savoir 5,2 M€ TTC. En janvier dernier, le budget affecté à ce projet a été porté à 7 M€.
Une nouvelle procédure concurrentielle de maîtrise d’œuvre a alors été lancée en mars. En attente : la validation du choix des quatre candidats calendrier prévisionnel et coût de l’opération. « Actuellement le bâtiment des archives est squatté. Le 14 juin dernier, le tribunal a rendu une ordonnance relative à l’occupation illicite du bâtiment des archives qui octroie un délai de huit mois reconductibles aux occupants, avant toute expulsion, donc pas avant février prochain. Cette décision qui permet l’accès au bâtiment pour poursuivre les études et diagnostics nécessaires, tend néanmoins à impacter le calendrier de l’opération », déplore Philippe Saurel, réagissant ce samedi à nos révélations d’hier sur la profanation du cimetière des Récollets.
Date de livraison retardée ?
La livraison du bâtiment réhabilité est donc programmée pour début 2020. Le programme prévisionnel prévoyait la réalisation de travaux de désamiantage, par anticipation, dès la fin de cette année. Toutefois, les travaux ne pourront être entrepris avant la libération de l’immeuble, dont la date est incertaine. Dès lors, la date de livraison du projet reste, elle aussi, conditionnée à la date de libération effective du bâtiment.
« Le montant prévisionnel du projet peut être amené à évoluer au regard des dégradations survenues pendant la période d’occupation illicite du bâtiment qui génèrent des incertitudes quant au niveau de réhabilitation, qui sera nécessaire par rapport au programme de travaux initial », prévient le maire de Montpellier. Les maîtres d’ouvrage sont la Ville de Montpellier, la mission Grand Cœur, la SA3M, Société d’aménagement de Montpellier Méditerranée Métropole, 3M.
37 logements et des commerces
Dans le cadre de l’opération de renouvellement urbain Grand Cœur, la SA3M a désigné après consultation le promoteur FDI Promotion pour la réalisation d’un ensemble immobilier à occupation résidentielle, à l’emplacement de l’ancienne villa de fonction de l’archiviste, qui ne sera pas utilisée dans le projet de reconfiguration du bâtiment des archives.
Ce programme immobilier comprend 37 logements, dont 8 logements sociaux et 280 m2 de surface commerciale ou d’activités, élevées sur trois étages. Le cœur d’îlot arboré sera préservé et demeurera privé, comme il l’est actuellement. Le dépôt du permis de construire s’est fait en juillet dernier pour des travaux qui dureront 20 mois avec une livraison prévisionnelle mi-2020.
En forme de « L »
L’immeuble qui sera construit contribuera à la redéfinition de la rue Proudhon sur le tronçon impacté. Situé à côté de l’espace public de la rue Proudhon et de la chapelle des Récollets, le futur immeuble prendra la forme d’un « L » bordant le jardin intérieur. Les façades de l’immeuble seront constituées d’une double-peau qui, pour la première, assurera la relation entre l’intérieur du logement et ses espaces extérieurs -balcons, loggias, etc.- et, pour la seconde, créera un lien entre l’immeuble et la ville.
Sur cette première « peau » qui constituera la façade, des jardinières seront positionnées permettant la croissance de végétaux grimpants. Et des persiennes manœuvrables viendront contrôler les apports solaires et les vues de chacune des pièces. Constituée de panneaux composite en aluminium multicouches mobiles et perforées, la façade arborera des motifs qui évolueront en fonction du temps et des saisons. Sa couleur ainsi que celle du béton architectonique qui constitue le socle de l’édifice, seront accordées à la teinte de la pierre de l’église des Récollets pour mettre en valeur cette dernière et son patrimoine architectural.
Ce projet s’accompagne d’une restructuration des espaces entre le nouveau bâtiment et la chapelle des Récollets. En effet, un espace piéton public sera créé entre l’avenue de Castelnau, où se situera l’entrée des archives municipales et la rue Proudhon. Cet espace sera planté d’arbres avec notamment la réalisation d’un écrin végétal destiné à mettre en valeur la chapelle des Récollets, bâtiment du XVIIe siècle inscrit depuis le 15 avril 2015 aux Monuments Historiques.
Diagnostic archéologique
Ce nouvel espace public ouvert desservira les logements et les locaux d’activités et complètera ainsi le square Camille Ernst attenant. Avant le début des travaux, un diagnostic archéologique a été réalisé. Et préalablement aux travaux de construction de l’opération de logements, diverses études sont en cours, dont une qui porte sur la réalisation d’un diagnostic archéologique sur le terrain situé à l’angle de la rue Proudhon et de l’avenue de Castelnau. « Pourquoi réaliser un diagnostic archéologique ? Sur cet emplacement s’élevaient en 1977, les bâtiments et le cloître du couvent des Récollets érigés en 1664, dont seule l’église demeure aujourd’hui », souligne la Ville de Montpellier.
La profanation des sépultures dans le cimetière des Récollets par des squatters du collectif Lattipolia pourrait accélérer leur expulsion par les forces de l’ordre. Et de permettre le lancement de ce grand projet immobilier et architectural aux Beaux-Arts.
>> À LIRE : plainte de la Ville de Montpellier après la profanation du cimetière des Récollets https://e-metropolitain.fr/2017/09/29/montpellier-prof…eglise-recollets/