JUSTICE. Voilà une assez bonne nouvelle pour Christophe Barret, le procureur de la République de Montpellier, ainsi que pour le président du tribunal de grande instance, Éric Maréchal : quatre magistrats vont renforcer le parquet à la rentrée, à savoir Dominique Sié, procureur de la République adjoint, Jean-Christophe Tixier, vice-procureur de la République, Antoine Wolff et David Durand, tous deux substituts du procureur de la République.
Toutefois, cette annonce est tempérée par le départ fin août, de deux magistrats du parquet ! « Donc, il n’y aura que deux renforts réels, commente Christophe Barret, actuellement, avec un magistrat placé par le Procureur général, nous sommes 14 au parquet de Montpellier, nous serons 16; ça sera un petit plus bienvenu, mais pas suffisant, car nous devrions avoir un effectif de 22 à 23 magistrats au parquet, comparé aux autres agglomérations à la population similaire ».
Même si le compte n’y sera toujours pas, ces deux postes pourvus devrait permettre au procureur de la République de souffler un peu. Christophe Barret ne cesse de dénoncer l’insuffisance chronique de ses services, littéralement asphyxiés. Il cite le bilan de l’année dernière : « En 2016, les services du tribunal, magistrats et fonctionnaires, ont travaillé à plein régime » et même « en sur-régime, nous faisons beaucoup avec peu ».
Quatre fois moins de procureurs
Citant l’état des lieux dressé en octobre dernier par la Commission européenne pour l’efficacité de la justice -CEPEJ-, le procureur de Montpellier rappele que « la France compte deux fois moins de juges, quatre fois moins de procureurs et deux fois moins de greffiers pour 100’000 habitants que la moyenne européenne des 47 pays du Conseil de l’Europe ».
M.Barret ajoute : « À Montpellier, nous faisons encore mieux, si l’on peut dire, car dans ce ressort, le ratio de 1,8 était bien inférieur à la moyenne française de 2,8 magistrats du parquet pour 100’000 habitants. Il devrait y avoir 22 ou 23 magistrats au parquet de Montpellier, si nous respections la moyenne française. Or actuellement pour 15 postes prévus, 13 sont pourvus par des titulaires et un quatorzième par un magistrat placé ».
86’000 plaintes et PV en 2016
La circulaire de localisation des emplois -CLE- n’a pas tenu compte de l’évolution démographique galopante de Montpellier et de l’Hérault -plus de 10’000 à 15’000 habitants par an), pointe-t-il notamment. Or le nombre des affaires poursuivables dépasse 18’000 affaires à Montpellier, pour un total de 86’000 plaintes et procès-verbaux reçus dans l’année, et la population réelle du ressort est de l’ordre de 800’000 habitants, auxquels viennent s’ajouter annuellement près d’un million de touristes.
« Si Montpellier se situait dans la moyenne européenne de 11 magistrats du parquet pour 100’000 habitants, « nous serions…82 ! », remarque-t-il, qualifiant cette hypothèse « d’euphorie délirante. Nous n’en demandons pas tant, juste d’avoir autant de magistrats du parquet que les autres juridictions françaises, juste de ne pas être maltraités. Le volume et l’intensité de la délinquance, la démographie, le niveau de radicalisation dangereuse l’exigent ».
Cinq greffières arrivent
Les cris d’alarme du procureur de la République de Montpellier, lors des rentrées solennelles, mais aussi dans la presse ont-t-ils été enfin entendus au ministère de la Justice ? Outre le renfort des quatre magistrats au parquet, cinq greffières arrivent, ainsi qu’une première vice-présidente -Carole Daux, en poste actuellement à Nîmes-, une vice-présidente comme juge des enfants, une juge au tribunal d’instance et une vice-présidente chargée des fonctions de juge des libertés et de la détention, JLD.
Cette nouvelle brochette de magistrats sera officiellement installée vendredi 8 septembre prochain au tribunal de grande instance de Montpellier par le président Éric Maréchal et le procureur de la République, Christophe Barret. Les bulles de champagne avalées lors de la réception qui suivra pétilleront mieux que les précédentes installations judiciaires !