TAUREAU. Après les peintres montpelliérains du 19e siècle, l’espace Dominique Bagouet à Montpellier accueille Jordi, un artiste local aux origines catalanes espagnoles. Avec Ecce Terra, il présente les déclinaisons sur différents support de sa forme fétiche, une tête de taureau, comme une déclaration d’amour à la nature, son principal outil.
« Depuis 26 ans j’ai décidé de ne travailler qu’une seule forme. Je me suis trouvé un langage et j’ai travaillé plusieurs médiums en mettant en avant la transversalité », explique Jordi, qui a choisi ici de présenter avec Ecce Terra -Voilà la terre-, « un dialogue entre la peinture et la sculpture ».
Quête d’une identité
Si certains pourraient voir dans la forme déclinée à l’envie par Jordi un ticket de fil d’attente, il n’en est rien même s’il faut quand même l’avouer… Agriculteur avant d’être artiste plasticien, il raconte sa quête au début des années 90 « d’une identité » dans son art, d’un élément pour l’identifier mais également pour rappeler son amour de la terre et du pourtour méditerranéen.
Jordi fait alors le choix radical d’une seule et unique forme qu’il pourra travailler à l’infini. Ce sera une tête de taureau, beaucoup plus reconnaissable dans sa première mouture qu’il améliore, « pour en faire quelque chose de binaire et d’encastrable ». Une approche entre art et design révélant un intérêt pour l’abstraction géométrique, que l’on retrouve avec évidence dans certaines oeuvres.
Amour de la terre
Mais, ce serait réducteur de limiter l’objet à cette unique déterminant : « La forme raconte quelque chose par rapport à notre environnement ». De par les supports -bois, minéraux, terre grise de camargue- et de par leur traitement -rouille, cristallisation, brûlure-, les oeuvres disent son amour de la terre.
« La forme raconte quelque chose par rapport à notre environnement », confie t-il. Jordi avoue son admiration pour le land-art qu’il laisse deviner par la scénographie de l’exposition, avec son couloir central constitué de trois oeuvres, dont les positions sont déterminées par le carrelage.
La nature est partout
S’il ne veut pas trop en dire sur la symbolique des oeuvres, « Si tout est expliqué ce n’est plus de l’art. Je préfère que le visiteur travaille son imaginaire », Jordi détaille les procédés de fabrication. Comment il a laissé rouiller des plaques de métal ou enterrer d’autres, comment il a brûler au chalumeau les trois sculptures totémiques ou encore utilisé le sel d’Aigues Mortes, la terre de la Petite Camargue, où se trouve son atelier, c’est pour mieux donner à voir que la nature est partout dans son art.
>> Renseignements : Espace Dominique Bagouet, esplanade Charles de Gaulle, Montpellier. Du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h. Entrée libre. Visite commentée par l’artiste jeudi 28 septembre à 19h. Tous les mercredis à 16h, visites guidées, sans réservation, ni inscription.