Montpellier : du cannabis et 30 armes dans onze coffres-forts

COUP DE FILET. « De mémoire de policier, c’est la première fois que je tombe sur onze coffres-forts et armoires fortes remplies de drogue et d’armes, j’avais jamais vu ça », témoigne ce jeudi soir le commissaire divisionnaire Jean-Philippe Fougereau, le directeur du Service régional de police judiciaire -SRPJ- de Montpellier en évoquant au côté de Christophe Barret, le procureur de la République de Montpellier le coup de filet de mardi dans les cités Gély -faubourg de Figuerolles- et des Marels -au Millénaire- contre des trafiquants de drogue présumés.

Des dizaines de kilos d’herbe et de résine de cannabis, pas moins de 30 armes de guerre, de gros calibres -38 Spécial et 357 Magnum- des fusils étaient conservés dans ces chambres fortes au domicile de la nourrisse des dealers, un homme de 39 ans au casier judiciaire vierge. Dans son logement des Marels, à Montaubérou, il veillait sur la drogue. Seuls les deux commanditaires présumés du réseau très structuré connaissaient les codes secrets, que les enquêteurs de la PJ ont eu bien du mal à se les faire communiquer.

Six mises en examen

Six suspects ont été déférés ce jeudi au parquet de Montpellier, puis devant un juge d’instruction pour être mis en examen pour association de malfaiteurs en vue d’importer et de céder des stupéfiants, importation, détention et cession de stupéfiants, détention prohibée d’armes et d’explosif -une grenade a été saisie au milieu de l’arsenal- et l’un d’entre-eux avait été incarcéré à 18h. Le sort des complices se jouait devant le juge des libertés et de la détention -JLD-, auprès duquel le procureur de la République a également requis des mandats de dépôt.

Voiture accidentée

Ce coup de filet anti-drogue dans ces deux cités de la communauté des gens du voyage sédentarisés est le prolongement d’une enquête déclenchée en avril 2016, à partir d’une opération de la police aux frontières -PAF 66- des Pyrénées-Orientales. Dans la nuit, près du Boulou au sud de Perpignan, la PAF repérait un convoi de trois véhicules qui avait tout l’apparence d’un go fast, une importation importante de drogue depuis l’Espagne jusqu’en France à vive allure.

Les policiers de la PAF 66 ont tenté d’intercepter le convoi pour contrôler les occupants des trois véhicules, en vain. Toutefois, lors de la course-poursuite, un des conducteurs a été accidenté. Pas de chance pour les trafiquants : c’était celle du milieu qui contenait 62 kilos d’herbe de cannabis ramenés d’Espagne. « Il faut savoir que le kilo d’herbe de cannabis se revend 4000 € ici sur le marché, plus cher que la résine » relève le procureur de la République, Christophe Barret, qui remarque que, « ce réseau était bien structuré, puisque plus d’un an après l’accident du convoi au Boulou, on a découvert de la drogue et des armes, ça présume une continuité dans le trafic ».

La piste de Montpellier

Le conducteur de la voiture parvenait à s’enfuir, abandonnant la précieuse cargaison, mais grâce à des indices récupérés sur place, il ne faisait aucun doute que le convoi se rendait à Montpellier. Dès lors, le parquet d’ici prenait l’affaire en main et c’est la brigade des « stups » du SRPJ qui poursuivait les investigations, grâce à des moyens humains, techniques et scientifiques importants. Et payants. Les deux dirigeants de ce réseau organisé, deux frères jumeaux âgés de 25 ans, leurs « associés » âgés de 32 ans, 40 ans et 45 ans, ainsi que la nourrisse de 39 ans ont été identifiés.

Le coup de filet a été lancé mardi à l’aube par 120 policiers, dans le lotissement des Marels et à la coté Gély : Sécurité publique, brigade de recherche et d’intervention -BRI- du SRPJ et l’antenne d’ici du RAID. L’opération n’a donné lieu à aucun incident. Outre les 62 kg de cannabis perdus au Boulou, les policiers ont mis la main sur 8 kg d’herbe de cannabis, 7 kg de résine de cannabis, 540 grammes de cocaïne, 30 armes de guerre et de poing, une grenade, un gilet pare-balles, une presse hydraulique pour écraser et compacter les grains de coke, du matériel de communication sophistiqué et 32’000 €.

Drogue et armes étaient conservées à l’abri dans les onze fameux coffres et armoires fortes. Lors de la « descente » policière à la cité Gély, une chambre de cannabiculture -pour faire pousser des graines et des pieds de cannabis- a été découverte dans une cave. « Une enquête est actuellement diligentée par le SRPJ pour identifier ces cultivateurs de drogue », révèle ce soir le procureur de la République.

Scooters des mers, scooters et voiture saisis

Le juge d’instruction du tribunal de grande instance de Montpellier en charge de la procédure a ordonné ce jeudi la saisie de biens des six mis en examen : cinq voitures dont des BMW de luxe, deux scooters de type 650 cc et quatre scooters des mers d’une valeur de 74’000 €. Désormais, comme la loi l’autorise, des biens figurant au patrimoine des trafiquants de drogue et d’armes mis en examen -véhicules, appartements, maisons, immeubles etc.- sont systématiquement confisqués par un service spécialisé qui gère les avoirs criminels.

Le commissaire divisionnaire Jean-Philippe Fougereau, directeur du SRPJ de Montpellier a indiqué ce jeudi que, « Montpellier était devenue la plaque tournante du trafic d’herbe de cannabis, avec des importations récurrentes massives et une distribution dans la foulée des livraisons à flux tendu, grâce à des clans familiaux installés ici et en Espagne », en se basant sur des coups de filet réalisés ces derniers mois et des enquêtes en cours. Selon le directeur du SRPJ, des consommateurs de cannabis, surtout d’herbe, mais aussi de résine viennent du Grand Sud et même d’Italie.

Un incroyable hasard a voulu que les six trafiquants présumés des cités Gély et des Marels soient mis en examen, à l’heure où la Ville de Montpellier et la communauté gitane fêtaient en musique l’inauguration de la statue de Manitas de Plata, sur le parvis de la mairie à Port Marianne.

L’arsenal impressionnant découvert lors de cette opération de police. Photo D.R.

Le procureur de la République, Christophe Barret avec le directeur du SRPJ de Montpellier, le commissaire divisionnaire Jean-Philippe Fougereau. Photo JMA. Métropolitain.
 

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