Midi Libre : la rédaction s’agite contre le directeur Philippe Palat

CRISE. La rédaction de Midi Libre est en crise. Les journalistes -rédacteurs, photographes et secrétaires de rédaction- des agences de Montpellier et de Nîmes, les deux plus importantes, ainsi que les journalistes et les secrétaires de rédaction du siège du quotidien régional au Mas-de-Grille, à Saint-Jean-de-Védas sont en guerre contre Philippe Palat, le directeur de la rédaction. Il veut supprimer des postes de secrétaires de rédaction (SR). Une pétition a été signée et envoyée au patron du groupe.

Métropolitain s’est procuré les deux lettres particulièrement salées envoyées en avril dernier au PDG du groupe Midi LibreLa dépêche du Midi, Bernard Maffre par le SNJ. La réorganisation qualifiée de brutale passe très mal, visiblement. Et ce n’est rien de le dire…

Lors d’un récent comité d’entreprise, Philippe Palat a souligné que, « il ne passerait pas en force ». Une assemblée générale de la rédaction s’est même tenue mardi soir au siège.

Voici la lettre en date du 5 avril : « Agence Midi Libre de Nîmes Nîmes, Montpellier, le 5 avril 2017 Agence Midi Libre de Montpellier Objet : nouvelle réorganisation à l’agence. À l’attention de Bernard Maffre Monsieur le président directeur général, Nous, rédacteurs, secrétaires de rédaction, photographes des agences de Montpellier et Nîmes, tenons à exprimer notre profonde indignation, notre incompréhension totale après l’annonce faite la semaine dernière et jusqu’à présent jamais dévoilée, par le directeur de la rédaction, de la nouvelle organisation des rédactions liée à la mise en place de Protec. Selon cette annonce brutale, inopportune, avant même que les principaux intéressés n’aient été alertés, chaque rédacteur serait donc désormais responsable d’une page qu’il aurait contribué à remplir comme il le fait actuellement. C’est un nouveau cran dans la suppression progressive du secrétariat de rédaction à Midi Libre, qu’il s’agisse de celui des petites agences, du service des sports, du desk central mais, cette fois, cela va trop loin. Les agences, petites et moyennes, savent bien l’importance, la nécessité de maintenir un secrétariat de rédaction digne de ce nom, dans chaque équipe quelle que soit sa taille. Car la suppression des secrétaires de rédaction – jamais évoquée de cette façon dans le projet Albert-Londres – devrait intervenir quelques mois après la mise en place de nouvelles organisations de travail générées par les départs en clause de cession. Une adaptation des équipes déjà rendue difficile par la suppression d’un certain nombre de postes à la rédaction. Cette annonce intempestive, maladroite, intervient qui plus est dans une période pré-électorale essentielle pour la diffusion du journal qui nécessiterait justement le retour à un peu de sérénité. Aujourd’hui, nos rédactions locales ne fonctionnent que grâce à notre sur-implication et celles de nos responsables d’agence, à notre conscience professionnelle et notre volonté de sortir chaque jour une édition de qualité. Cet objectif commun ne pourra plus être atteint avec la suppression de nos secrétaires de rédaction. Nous nous étonnons d’ailleurs que ce sujet brûlant n’ait fait l’objet d’aucune information préalable auprès de l’encadrement, dans les instances représentatives du personnel, comité d’entreprise et comité d’hygiène et de sécurité. Il s’agit là d’une curieuse façon de procéder, assimilable à un passage en force. Face à cette situation, nous exigeons l’arrêt immédiat de cette réorganisation imposée et le maintien des postes de secrétaires de rédaction tels qu’ils existent dans nos agences. Faute d’une réaction immédiate et écrite dans la semaine, et face à la grande fatigue et l’épuisement d’un certain nombre d’entre nous, nous n’aurons pas d’autres solutions qu’alerter, de manière individuelle, l’inspection du travail et la médecine du travail ».

La lettre du 20 avril : « Montpellier, le 20 avril 2017 Monsieur le président directeur général,  Bernard Maffre.

Les journalistes des rédactions de Nîmes, Montpellier, et du siège du journal, se sont réunis ce jour à Montpellier afin d’évoquer le sujet de l’avenir du secrétariat de rédaction. Ils ont ainsi pris connaissance des propos de Philippe Palat prononcés lors du dernier comité d’entreprise du mardi 18 avril et revenant sur son intention de supprimer sine die les postes de secrétaires de rédaction ville à Nîmes et Montpellier. Le courrier que vous nous avez fait parvenir dans la soirée confirme, d’une certaine façon, le caractère totalement précipité et maladroit de ces annonces initiales. Nous prenons acte de vos remarques mais nous insistons notamment pour que des actes concrets permettent à l’agence de Nîmes de conserver son secrétariat de rédaction ville afin d’aboutir à une organisation comparable – a minima – à celle de Montpellier. D’une façon plus générale et pour alimenter la réflexion il est important de rappeler que ces postes de secrétaires de rédaction s’avèrent indispensables à l’équilibre de nos organisations, à la qualité de nos éditions. Ils permettent en outre aux rédacteurs en poste de passer davantage de temps sur le terrain comme cela semble être le souhait du directeur de la rédaction. L’absence de « SR” conduit en effet une majorité de rédacteurs à passer davantage de temps aux tâches techniques et à la relecture qu’à la collecte d’informations et à leur rédaction. Un tel système s’avère, in fine, contre-productif. Au delà des problématiques de Nîmes, de Montpellier, les journalistes signataires du premier courrier n’admettent plus les attaques incessantes lancées contre le métier de secrétaire de rédaction, garant de la qualité de notre travail d’information, que ce soit dans les petites agences ou les services du siège. Cette compétence est essentielle dans la chaîne de l’information, de sa collecte à sa diffusion, par internet ou sur papier. Nous rappelons qu’elle représente une charge de travail incompressible qu’il est hors de question de transférer vers les autres journalistes en postes, vers les secrétaires, déjà très fatigués par les dernières réorganisations que vous avez engagées. Nous vous informons enfin qu’une copie de ce courrier ainsi que du précédent sera adressée sans délai à l’inspection du travail des départements de l’Hérault et du Gard pour information. Vous remercions de votre attention particulière pour ce sujet, nous vous adressons Monsieur, l’expression de nos salutations respectueuses ».

Jusqu’à présent, aucune information n’avait fuité sur cette forte agitation interne, qui n’est pas la première depuis ces derniers mois…

 

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