LIGUE DES CHAMPIONS. Après une entrée en matière plus que convaincante dans le championnat de France mercredi face à Chambéry (victoire 29 à 18), le MHB retrouve samedi la Ligue des Champions avec la réception des macédoniens du Metalurg Skopje (17h30 au palais des sports René Bougnol). Seul changement dans le groupe, Jean-Loup Faustin fait son apparition. Le jeune Kyllian Villeminot laisse la place mais Patrice Canayer précise : « Il ne sort pas parce qu’il n’a pas été bon. Il a été très bon en 10 minutes. Je fais rentrer Jean-Loup Faustin par rapport à l’aspect tactique ». L’entraîneur du MHB revient sur la performance des Montpelliérains face à Chambéry et attend un match sérieux samedi contre Skopje.
>> Est ce que vous vous attendiez à une telle entrée en matière de votre équipe ?
Depuis le début je dis que notre équipe a beaucoup de qualités. Elle est capable de très bien jouer comme elle l’a fait. Elle peut être parfois inconstante et des fois un peu immature. C’est vraiment dans l’enchaînement des matchs que je vais l’apprécier et la juger. Je sais qu’on est capable de très bien jouer, on l’a fait en préparation et l’année dernière à certains moments. La question aujourd’hui est que l’on est engagé dans plein de compétitions en jouant tous les trois jours. La difficulté pour nous est d’être constant. L’année dernière en championnat par exemple on a perdu 6 matchs dont certains que nous ne devions pas perdre quand on veut avoir des ambitions. C’est sûr ça que l’on est attendu et que les progrès vont se manifester. Donc je n’ai pas été surpris par la performance contre Chambéry. Maintenant ce que j’attends c’est que ce niveau de jeu, d’engagement et de concentration soit le même à chaque match tous les trois jours et c’est ce qui sera le plus difficile.
>> Dans cette optique, l’apport du banc mercredi a dû vous satisfaire ?
Il y a deux choses dans ce que j’ai vu mercredi. D’abord, le rôle des joueurs majeurs qui ont joué à leur niveau et qui ont joué leur rôle. On a vu Michaël Guigou en début de match, au moment où tout le monde tremblait un peu au shoot, marquer les premiers buts. Et ça c’est essentiel. Il est là pour rassurer l’équipe. Vincent Gérard a été performant pendant 60 minutes en étant constant. Et c’est ce que l’on attend de lui. Ce qu’il a fait ce ne doit pas être l’exceptionnel, c’est le niveau d’un gardien de but international. Valentin Porte a assuré très fort en défense. Ce sont ces joueurs là qui, à un moment donné, doivent guider cette équipe par leur performance et la confiance qu’ils vont inspirer aux joueurs. Après on a vu le banc qui s’est mis au diapason. C’est important. Mais ce qui est important c’est que les joueurs cadre assurent leur niveau et l’assise de cette équipe. C’est déterminant. D’autant plus que des joueurs cadre comme ça on en n’a pas beaucoup, on en a quatre.
>> Et sur la rentrée des nouvelles recrues ?
Ils ont été dans l’ensemble plutôt intéressants dans le registre dans lequel on les attend. Il faudra du temps pour donner leur pleine mesure mais c’était plutôt satisfaisant. Quand on fait un premier match à domicile on a toujours un peu le bras qui tremble. On connait les capacités de Melvyn Richardson qui est un joueur très complet, très polyvalent avec beaucoup de compétences. Il faudra qu’il apprenne certaines choses dans la compétition. Mohamed Soussi, je ne dirai pas que c’est une surprise sinon je ne l’aurai pas recruté, c’est le fait qu’il arrive comme ça petit à petit à rentrer, à s’imposer en amenant beaucoup de punch, d’énergie dans cette équipe. C’est vraiment très bien car c’est que l’on est allé chercher en le recrutant. Et Benjamin Afgour amène un relais excellent à Ludovic Fabregas. Il est encore loin de ce qu’il peut rendre mais ce sont des gens qui ont un profil très intéressant pour nous. Après, la difficulté c’est de bien comprendre ce que je demande aux joueurs. Il faut que nos forces s’additionnent. On a un effectif assez large aujourd’hui, on peut s’en servir et c’est bien. Mais il ne faut pas que cela fasse dire aux joueurs qu’ils peuvent se reposer un jour, qu’ils peuvent en faire moins et que l’entraîneur va trouver une solution. Il doit y avoir une vraie émulation en interne et c’est ce qui doit nous faire progresser.
>> Cela passe par de l’intensité à l’entraînement…
Exactement. Et cela passe aussi par ce que j’expliquais aux joueurs. Si à un moment donné, il y a un joueur qui décroche au niveau du jeu ou de l’engagement, il ne jouera pas et ne sera pas dans l’équipe ou alors il aura un rôle mineur. Il ne doit pas y avoir de concurrence en interne, ce ne serait pas sain. C’est ce qu’il ne se passe pas. On doit être tous tendus vers le même objectif qui est de faire gagner notre équipe. Mais l’émulation, c’est normal que les joueurs aient envie de jouer plus, de bousculer certaines hiérarchies, cela fait partie de la logique des choses.
>> Samedi face au Metalurg Skopje, vous vous attendez à quel type de match ?
C’est le deuxième match à domicile donc je dirai qu’une fois les retrouvailles faites, il faut arriver à placer la barre haut car la Ligue des Champions c’est encore un niveau supérieur au championnat de France. Le Metalurg Skopje est une équipe de qualité avec beaucoup de physique. Je n’attends pas énormément de chose. J’attends que l’on soit capable de rééditer le même type de comportement que l’on a eu mercredi. C’est ça qui est important. Je m’attends à une adversité plus forte que contre Chambéry. Pas forcément parce que Metalurg est plus fort mais parce que la Ligue des Champions transcende beaucoup plus les énergies. C’est une compétition plus courte donc on sait que chaque match est vital. Nous, on a déjà un impératif de victoire. Quand on veut sortir des poules basses, il faut tout gagner à domicile, c’est une obligation.
>> Dans ce groupe, à quel niveau situez-vous Montpellier dans la hiérarchie ?
On ne peut pas se cacher, on fait partie des favoris de ce groupe. On était quand même quart de finaliste l’année dernière donc on est le favori de ce groupe légitimement, peut être avec Zaporozhye. Les deux clubs étaient en huitièmes de finale. On ne peut pas se cacher derrière notre petit doigt si on ambitionne de faire aussi bien voir mieux que l’année dernière. Mais il faut se souvenir d’une chose, c’est que l’année dernière on a très mal démarré. On était allé à Elverum où on a fait un match catastrophique dans l’engagement et on avait perdu. On avait perdu à La Roja aussi. Dès que tu baisses un peu ton niveau dans cette compétition, tu es mort parce que les adversaires jouent à 200 %. C’est une compétition qui ne permet pas à aucun moment le relâchement.
>> Quels sont les dangers du Metalurg Skopje ?
Je dirai que c’est un peu la réserve de l’équipe nationale (ndlr : Macédoine). C’est un club qui recrute dans les Balkans les meilleurs jeunes. Ils ont toujours de très bons jeunes joueurs. C’est une équipe qui alterne joueurs d’expérience et jeunes joueurs mais avec beaucoup de talents. C’est une équipe pleine d’enthousiasme, qui court et défend fort. On doit les maîtriser mais si on les laisse jouer, ils peuvent être très dangereux. L’équipe est encadrée par un très bon entraîneur (ndlr : Lino Cervar, sélectionneur de la Croatie de 2002 à 2010), expérimenté, qui connaît très bien le handball et ses jeunes joueurs sur la partie tactique. Il faut que l’on soit conscient de nos forces, on n’a pas du tout à faire un complexe d’infériorité. Je pense que Montpellier est un favori logique de cette rencontre mais un favori qui doit jouer au meilleur de son niveau pour éliminer cette équipe.
>> Quelle difficulté y a t-il à enchaîner aussi rapidement le championnat et la Ligue des Champions dès le début de la saison ?
Des difficultés physiques non. Les joueurs sont programmés pour ça et on a un effectif suffisamment large. Sur le plan psychologique, il peut y avoir deux problèmes. Certains joueurs, notamment les joueurs majeurs, face à tant de match peuvent avoir envie de se gérer un peu par moment. Ce n’est jamais une bonne chose car quand on commence à trop se gérer cela ne rend pas le fonctionnement de l’équipe intéressant. Donc je leur demande de me laisser gérer l’équipe et pour le faire, il faut que personne ne se gère. La deuxième chose pour les joueurs les moins expérimentés dans ces enchaînements de matchs, c’est la capacité à se reconcentrer très vite. La particularité quand on joue tous les trois jours, c’est que jeudi on s’est entraîné en récupération, un travail très individualisé mais pas de travail collectif. En gros, on a eu 1h30 aujourd’hui pour régler les problèmes tactiques. On a fait la séance vidéo et on s’est entraîné, c’est tout. Quand tu joues une fois par semaine, tu as une semaine pour te préparer, soit 5-6 entraînements. Là en un entraînement, il faut tout régler donc cela nécessite beaucoup de concentration de la part des joueurs. Et c’est toujours la difficulté quand les joueurs n’ont pas l’habitude de ça.
>> Quelle équipe est le plus à craindre dans le groupe ?
Objectivement Zaporozhye est une équipe vraiment difficile. On les a joué l’année dernière et on a vu que c’était dur. Il avait fallu un très bon Montpellier pour les éliminer. Après il y a un niveau assez homogène. Je connais assez peu les Portugais (ndlr : Sporting Lisbonne) donc on va commencer à se renseigner sur eux. Mais cela me paraît assez homogène entre eux, Moscou et Skopje. La caractéristique de ces équipes c’est qu’elles ne sont pas positionnées comme favori mais la Ligue des Champions représente énormément pour elles. Donc ce sont des équipes qui s’investissent totalement dans ces matchs et en général elles y mettent un très gros engagement.