TRANSPORTS. Ce lundi, Philippe Saurel, président de la Métropole de Montpellier, a réuni les maires des villes et les présidents des intercommunalités voisines pour rappeler que la Ligne Grande Vitesse Montpellier-Perpignan, la LNMP, doit rester une priorité absolue pour l’Etat et l’Europe.
Ils étaient tous assis à la même table autour de Philippe Saurel : Robert Ménard, maire de Béziers ; François Commeinhes, maire de Sète et président de l’agglomération de l’Etang de Thau ; Didier Mouly, maire de Narbonne… Sans oublier des députés invités à soutenir la noble cause. « Des élus de terrain et de la France réelle », selon l’expression chère à Philippe Saurel, venus rappeler d’une seule voix leur volonté de voir aboutir, enfin, le pharaonique projet de LGV à 5,5 milliards d’euros entre Montpellier et Barcelone. Un projet qui a d’ailleurs bien avancé côté catalan, les autorités espagnoles ayant joué le jeu et respecté les accords internationaux : leur LGV reliant Barcelone à la France est déjà réalisée… ce qui vaut à la France un joli procès : l’Espagne a trainé la France devant la justice européenne pour non-respect de ces fameux accords.
Que la ligne devienne une priorité nationale
En attendant les explications de la France, qui promettent d’être cocasses, les élus invités à Montpellier ont laissé de côté lundi leurs divergences politiques pour se concentrer sur l’intérêt général du territoire: faire en sorte que le projet de LGV ne soit pas enterré : « Jusqu’au 15 décembre, le gouvernement organise un peu partout en France les Assises de la Mobilité, dont une importante manifestation est prévue en octobre à Toulouse », explique Philippe Saurel : « Dans le cadre de ces Assises, nous nous exprimons d’une manière solidaire et positive pour que le dossier de la LNMP redevienne une priorité nationale et soit identifié comme tel ». Afin que personne n’oublie ces enjeux, les élus rassemblés à Montpellier ont rédigé une lettre adressée au Président de la République et au Ministre des Transports. Et ils comptent bien se faire entendre lors de la journée de la grande vitesse organisée à Toulouse le 4 octobre.
Une ligne mixte pour le frêt
En ligne de mire directe, la déclaration d’utilité publique de ce projet. La DUP concernant la ligne grande vitesse devait se dérouler en 2017, mais elle a été repoussée à 2018 : « Et maintenant, on entend dans les couloirs 2019… Ce n’est pas sérieux », tonne Robert Ménard. Le Maire de Béziers estime que cet ouvrage est nécessaire au développement futur du territoire qui mettrait à moins de 2 heures l’Hérault avec la puissante voisine Barcelone et ses presque 2 millions d’habitants. Cette ligne, qui sera mixte, doit aussi permettre de développer fortement le frêt et le ferroutage (3 millions de camions sont enregistrés chaque année au Boulou et 14 000 par jour à Montpellier). Ce qui permettra, cerise sur le gâteau, de libérer le rail « classique » pour renforcer les liaisons TER entre les villes du territoire.
Béziers et Narbonne, même enjeux
Si des absences ont été remarquées (la Région n’a finalement pas envoyé de représentant à l’invitation montpelliéraine) d’autres parlementaires ont apporté leur soutien à cette démarche : les sénateurs Henri Cabanel et Robert Navarro, les députés Philippe Huppé et Emmanuelle Ménard, les député européens Franck Proust (Gard) et Eric Andrieu (Hérault). Un autre élu de poids, Frédéric Lacas, Maire de Sérignan et président de Béziers Méditerranée, était absent mais l’élu du biterrois a signé une lettre avec les présidents des cinq autres intercommunalités qui rejoint la démarche montpelliéraine. Ces 5 présidents de l’association « Coeur du Languedoc » (Béziers Méditerranée donc, mais aussi Hérault Méditerranée, Grand Narbonne, La Domitienne, et Région Lézignanaise, Corbières et Minervois se montrent assez remontés : « Nous n’acceptons pas de voir ce projet menacé », écrivent-ils: « D’abord parce que ce projet a d’ores et déjà coûté 75 M€ en études et acquisitions foncières, dont 5 M€ supportés par les agglomérations de Béziers Méditerranée, d’Hérault Méditerranée et du Grand Narbonne. Les élus que nous sommes sont les garants d’une gestion rigoureuse et intelligente des deniers publics. Si ce projet était enterré à ce stade par la seule volonté de l’État, nous serions en droit de demander le remboursement de ces sommes ».
Le 4 octobre prochain, à Toulouse, les élus du sud auront l’occasion de faire entendre leur voix… Ensemble ?