SANTÉ. Un record : 8000 marcheurs et coureurs de tous âges ont honoré ce dimanche matin la Montpellier Reine, cette manifestation sportive et caritative portée par la dynamique et infatigable Barbara Pastre chaque année au printemps. Une course pour que tous les malades du cancer ne tombent pas dans l’oubli. Métropolitain a rencontré un miraculé de ce terrible fléau pernicieux.
Appelons le Jacques. Dans sa jolie petite maison d’un lotissement tranquille d’un quartier ouest de Montpellier, il savoure « sa seconde vie », comme il le dit avec le sourire, entouré de son épouse de dix années plus jeune, de leur fillette de 9 ans et de leur petit chien de compagnie.
Une seconde vie, car à 65 ans, Jacques est un rescapé. Il a eu le corps infesté de « cette gangrène qui est un véritable fléau : le cancer. Une saloperie ». Jacques a eu le pancréas attaqué, dévoré, littéralement bouffé en quelques mois. Avec une partie du foie grignotée.
On dit désormais cancer foudroyant. « On n’a pas besoin d’en dire plus, ni d’un dessin pour illustrer ce terrible diagnostic médical, c’est clair, quand on dit foudroyant, on sait ce que ça veut dire » relève Jacques. Qui a vu la mort de très près, avant d’être sauvé, on ne sait par quel miracle, car, il était condamné : « Je l’ai su quelques mois plus tard de la bouche de mes chirurgiens, ils ont attendu que tout risque de rechute grave soit écarté pour me faire cette confidence ». Du coup, Jacques, le miraculé du cancer ne se prive pas pour savourer la vie, la croquer à belles dents tous les jours, celle qui lui procure des instants inoubliables. Comme avant de tomber malade. Flash-back.
Douleurs persistantes
Jacques a toujours été un bon vivant. Jusqu’à un déclin brutal de son état de santé, via des douleurs violentes et persistantes au ventre : des radios et un examen médical révélaient l’existence de boules graisseuses cancéreuses dans le pancréas, un des organes clés. Il fallait opérer d’urgence à la clinique Beausoleil, la mal nommée.
Ce cadre montpelliérain, retraité depuis peu n’avait pratiquement jamais vu un docteur de sa vie. Il était en pleine forme. Gourmet, il ne faisait jamais d’abus : il ne fumait pas, il dégustait deux verres d’un bon rouge par jour, jamais plus, sur des mets succulents, il était heureux de partager le quotidien avec sa jeune femme et leur gamine, « un ange, elle est adorable, mais elle a beaucoup souffert de ma longue absence ». Une absence interminable, qui a paru une éternité pour son épouse après l’intervention chirurgicale. Interminable situation comme ce matin, où Jacques est parti vers la salle d’anesthésie de la clinique Beausoleil, avant d’être opéré par six personnels médicaux : « Un médecin m’a dit, ça va être long, le pancréas est touché à 70%, on vous le ramènera vers 14h, ne vous inquiétez pas ».
Le foie touché
14h, pas de nouvelles. Les heures passent. 15h, 16, 17h. « À 18h, je me suis vraiment inquiétée. Face à mon instance et surtout en voyant mon visage, j’étais blême et déconfite, une infirmière compatissante m’a dit, je vais me renseigner, je reviens », se souvient l’épouse de Jacques. L’infirmière revient, mais les nouvelles ne sont pas rassurantes : « Elle a parlé de complications, sans pouvoir en dire plus. J’ai éclaté en sanglots ».
Elle fera le pied de grue devant les portes accédant aux salles d’opération : « C’était invivable, Mon Dieu ». Des portes qui s’ouvrent à 22h15 avec Jacques allongé, inerte, perfusé partout sur le brancard. Un des chirurgiens lui glisse à l’oreille : « Il est sauvé, on l’emmène en salle de réanimation, il va y rester une semaine minimum ».
« Ce putain de cancer »
Le lendemain, alors qu’elle a été autorisée à se rendre cinq minutes à son chevet, elle a appris qu’en retirant 70% du pancréas complètement pourris, l’équipe médicale a découvert qu’une partie du foie était aussi atteint. Et que l’urgence était de tout enlever pour éviter un autre cancer. Dans sa chambre de réanimation, Jacques a rouvert les yeux. Il a pu s’alimenter normalement, finis les tuyaux dans le nez et la bouche. Il a pu serrer bien fort sa femme et leur fillette dans ses bras, encore fragiles. Jacques a maigri de 30 kilos. Mais, il a survécu « à cette galère. Je suis rentré chez moi trois mois plus tard, après des séances de chimiothérapie qui me vidait le corps chaque jour, j’étais anéanti, physiquement, moralement et mentalement. Mais, j’ai combattu, tel un guerrier affrontant la mort. Avec succès, je m’en suis sorti et j’ai repris goût à la vie ». Mieux que ça même : il s’est inscrit à des cours de yoga, ce qui au niveau du mental a été extraordinaire, retrouvant la force de surmonter ce mal insidieux : « Mon meilleur souvenir, c’est quand j’ai pu aller promener ma chienne comme avant, on faisait 2 kilomètres chaque jour. Elle attendait ce moment. Et moi aussi ». Jacques a repris ses bonnes habitudes avec sa petite famille qu’il aime encore plus qu’avant. Fier d’avoir tué « ce putain de cancer » qui ronge injustement le corps de milliers d’humains.