Faculté de médecine : le Doyen s’exprime avant l’inauguration

ÉDUCATION. Alors que la plus ancienne école de médecine du monde s’offre une nouvelle jeunesse en inaugurant, la semaine prochaine ses nouveaux locaux, nous avons rencontré le Doyen Michel Mondain et évoqué avec lui l’actualité de ce projet, mais aussi de cette rentrée.

>> Dans quel état d’esprit vous sentez-vous, à quelques jours d’accueillir les premiers étudiants sur ce campus flambant neuf ? 

J’ai le sentiment d’un instant extrêmement solennel. Nous inaugurons lundi prochain l’un des bâtiments les plus modernes de France, mais aussi le plus récent, tout en écrivant un nouveau chapitre dans l’histoire de cette faculté de médecine, qui demeure la plus ancienne au monde encore en exercice. Je vous rassure tout de suite, ce déménagement  ne vient en rien renier la part d’histoire qui caractérise indéniablement cet établissement. Les locaux historiques continueront d’héberger nos étudiants de 2ème et 6ème année, qui verront une partie de leurs cours dispensées en centre-ville.

>> Quel message souhaitez-vous adresser aux étudiants qui s’apprêtent à investir les lieux ?  

Je leur dirai simplement de prendre conscience qu’ils sont en quelque sorte « privilégiés » de pouvoir bénéficier d’un tel cadre d’étude, d’un tel environnement de vie au quotidien. Je leur demanderai bien sûr de faire preuve de clémence si des ajustements s’imposaient, le temps pour chacun de s’approprier les lieux. Je porterai aussi à leur attention tout le soin qui a été mis à concevoir un lien d’enseignement en phase avec son siècle et pour les étudiants avant tout. Ils ont été au cœur de la réflexion de tous les professionnels mobilisés autour de ce projet. Ainsi, le bâtiment est connecté avec son époque et la technologie qui la caractérise. Mais si je ne devais leur dire qu’un seule chose, ce serait surtout : l’âme du bâtiment, c’est vous. Alors, faites-lui prendre vie, appropriez-le vous !

>> Plus de 2000 personnes en cette rentrée…

C’est le nombre d’étudiants présents sur le site, oui. Auquel il convient de rajouter 150 personnes au sein des services administratifs. Heureusement, tout ce petit monde se répartit sur les 12 000m2 d’espaces, répartis sur 5 étages. Mais vous savez, cela reste une rentrée comme les autres, l’esprit « campus » en plus, puisque nous sommes à présent à proximité immédiate des centres de recherche et des CHU Lapeyronie et Arnaud de Villeneuve.

>> Peut-on parler d’une nouvelle dimension pour l’université ?

Sur tout un tas de plans, comme je viens de l’évoquer, oui. Après, nous restons toujours le 10ème faculté de médecine de France (après Paris).

>> Un mot sur l’enseignement, peut-être. Retrouve-t-on aussi de l’innovation dans les méthodes d’apprentissage ?

L’innovation doit être une constante, je pense, quand il s’agit d’enseignement. Ce nouveau bâtiment en est la preuve vivante. Nous avons par exemple, des amphithéâtres connectés entre eux par une régie TV où les enseignants viennent enregistrer des cours, consultables ensuite en podcast. Un moyen de se connecter à nos étudiants des autres sites, d’offrir des créneaux d’apprentissage nouveaux pour les professionnels de santé, d’offrir une solution alternative quand le présentiel est impossible sur certains créneaux… L’enseignement numérique est une vraie révolution, qui bouleverse le rapport aux études, l’écriture même de certains cours. Nous participons d’ailleurs au chantier d’universitarisation des Instituts de Formation en Soins Infirmiers, qui se répartissent en 13 endroits aux 4 coins de la région.

>> Il s’agit ici d’outils innovants. La façon d’enseigner a-t-elle elle aussi évolué avec les années ?

Oui. On ne se contente plus de faire acquérir à nos étudiants un savoir académique. On insiste aussi énormément sur le savoir-faire et, alors que cela peut sembler secondaire, sur le savoir-être. Un bon professionnel doit conjuguer les trois à notre époque. Au niveau du procédural, du « geste », nous accentuons l’accent sur les mise en situation (ce qu’on appelle « les cliniques », ndlr.) : urgences, accouchement, bloc opératoire… Nous disposons de salles et de mannequins permettant de pratiquer des ponctions, intubations, massages cardiaques externes, de poser des voies veineuses… On apprend aussi à nos étudiants à savoir communiquer entre professionnels de santé et bien sûr avec les patients et leurs familles. Un partenariat étroit avec l’Ecole Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier rend compte de façon très concrète de la réalité d’un médecin dans la vraie vie. À travers des saynètes, nous travaillons trois situations récurrentes : l’annonce de la maladie, d’une rechute, ou de l’arrêt des soins pour un traitement palliatif.

>> Quelles sont vos priorités à présent ?

Déjà, assurer aux personnels et aux étudiants la réussite de cette année, marquée au plan national par des réformes nous touchant directement, comme celle de l’internat. Plus proche de nous, travailler au chantier d’extension du site de Nîmes. Je rappelle que cette faculté de médecine est celle de Montpellier-Nîmes, pas uniquement de Montpellier.

 >> Vous avez déjà réfléchi à votre discours d’inauguration ?

Les grandes lignes, je les ai déjà en tête. Ce qui est certain, c’est que je rappellerai à tous que la santé est inscrite dans l’ADN de Montpellier, que cette inauguration est certes une fête, mais qu’elle est surtout l’aboutissement d’un projet né il y a plusieurs années (sous Georges Frêche) et qui n’aurait jamais vu le jour sans tout un corps de professionnels et, bien sûr, sans le soutien indéfectible de la Région, qui a financé ce campus quasi-intégralement (45,5M€). Il y aura donc quelques remerciements au programme.

 

Partager ce post

À lire également