Après les législatives, Saurel met progressivement Montpellier en marche

POLITIQUE. Au lendemain des élections législatives, Philippe Saurel a donné son analyse et les conséquences des résultats sur le milieu local. Avec cinq circonscriptions (1, 2, 3, 8 et 9) sur neuf impliquant le territoire montpelliérain, dont quatre acquises par La République en Marche (LREM), le maire et président de la métropole, soutien d’Emmanuel Macron qu’il félicite pour « avoir réussi son pari » n’adhère toujours pas à LREM, mais poursuit ses mouvements en sa direction.

Patricia Mirallès sauve la démarche Saurélienne

Victorieuse sur la 1ère circonscription, Patricia Mirallès va donc rentrer à l’Assemblée nationale. Imposée par Philippe Saurel lors des investitures du mouvement LREM, le maire a salué son « score magnifique avec des bureaux à plus de 70%. Elle est en tête dans toutes les communes et surtout à Palavas, ce qui n’était pas chose facile à réaliser ».

Conseillère générale, conseillère municipale et métropolitaine, Patricia Mirallès conserve ses mandats à la ville et à la métropole. Elle abandonne son siège au conseil général et laisse la place à sa suppléante Manare Khali. Éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse -PJJ-, elle était présente sur la liste de Philippe Saurel aux municipales en 60ème position.

Si Philippe Saurel se satisfait « d’avoir un député à l’Assemblée », il assure que Patricia Mirallès garde une indépendance de décision : « Je n’ai pas l’habitude de demander aux élus de voter pour une chose ou l’autre. Patricia Mirallès est députée de la République. Elle votera à l’Assemblée nationale en son âme et conscience. Et s’il y a des choses qui sont en discordance avec la ville de Montpellier ou la politique menée, on est capable de se parler. C’est déjà beaucoup. Chacun prendra ses responsabilités ».

Confiance conservée à Stéphanie Jannin

Philippe Saurel ne veut pas dramatiser la défaite de Stéphanie Jannin dans la 2ème circonscription, relevant que « l’écart de voix n’est pas si terrible ». Si l’abstention et la mobilisation de l’ensemble des partis en faveur de Muriel Ressiguier a joué, il commente : « La campagne a fait l’objet d’une série de manipulations qui sont pour la plupart hallucinantes, mais qui avaient un but, celui de faire chuter l’adjointe à l’urbanisme de Montpellier. Je rappelle que la majorité de ces allégations sont issues d’un conflit lié à l’urbanisme qui a été positionné sur la place publique à des heures stratégiques et dans un agenda particulièrement bien choisi pour nuire à sa candidature. Je rappelle aussi qu’en France, chaque citoyen est doté de la présomption d’innocence. Et je précise aussi que le secret de l’instruction existe également. Je ne vais pas plus loin sur ce chapitre ».

Sur la défaite même dans une circonscription 100 % montpelliéraine, Philippe Saurel analyse : « Je ne vais pas vous dire que je saute de joie. Il faut regarder le contexte et les élections présidentielles. Jean-Luc Mélenchon a fait sur le centre ville, un score de 38 % et Emmanuel Macron 24 %. Donc il y avait une prédisposition déjà qui donnait un avantage à la France Insoumise. C’était une élection compliquée avec en plus un taux d’abstention de 62 % sur la 2e circonscription. Quand les médias ont expliqué que tout était gagné pour Emmanuel Macron, il y a une partie de son électorat qui ne s’est pas mobilisé. Ensuite, il y a une volonté des Français de ne pas donner les pleins pouvoirs à Emmanuel Macron et de différencier les votes ». Interrogé sur un vote sanction à son égard il répond simplement : « C’est possible ».

Philippe Saurel maintient sa confiance à Stéphanie Jannin, puisqu’il a indiqué qu’elle restait à ses fonctions d’adjointe à l’urbanisme et de vice-présidente à la Métropole.

Modification des groupes

Même si la 2ème circonscription lui échappe, Philippe Saurel se satisfait des résultats à Montpellier : « LREM a totalisé plus de 60 % des suffrages au second tour ». Il relève que le conseil de métropole compte un député avec Patricia Mirallès et le conseil municipal deux députés avec Patrick Vignal.

Ce dernier, ex socialiste désormais membre de LREM, siège actuellement dans le groupe d’opposition divers gauche. Sa position devrait être éclaircie dans les jours à venir lors du conseil municipal ce jeudi où la création du groupe de la majorité prendra la nomination : Montpellier, La République en Marche. Philippe Saurel est déjà prêt à « l’accueillir avec plaisir » en précisant que « c’était à lui de choisir son destin ».

Une modification qui intervient également à l’échelle métropolitaine et départementale : « J’ai créé un groupe LREM à la métropole de Montpellier. C’est Abdi El Kandoussi qui le présidera. Ce groupe rassemble, pour l’heure, les élus issus de la majorité de Montpellier et il délibèrera sur celles et ceux qui veulent le rejoindre. Nous allons également créer un groupe au conseil départemental de l’Hérault, riche de huit conseillers départementaux qui appartiennent également à notre majorité municipale de Montpellier. C’est Michèle Dray-Fitoussi qui en prendra la présidence comme elle préside aujourd’hui le groupe du département ».

Les félicitations du président Macron

La représentation politique dans les instances du mouvement citoyen de Philippe Saurel passe sous une étiquette présidentielle sans y être directement rattaché. Le maire assure avoir  « eu le président de la République qui m’a félicité pour cette initiative. Nous sommes la première ville à avoir un exécutif majoritaire LREM ». Mais Philippe Saurel continue de jouer les équilibristes en rappelant qu’il « revendique d’être socialiste sans être membre du Parti Socialiste ». Ou plus tard en se démarquant de LREM sur la France Insoumise : « Je fais une grande différence entre l’extrême droite et l’extrême gauche. L’extrême droite est l’idéologie que je combats. Avec l’extrême gauche, je peux travailler. Pour moi cela n’a pas du tout le même sens ». Rejoindra t-il un jour un parti LREM : « On verra… Le Parti Socialiste n’existe plus. Pratiquement ».

Et s’il n’a pas adhéré à LREM, des membres de sa majorité l’ont fait comme Patricia Mirallès, Abdi El Kandoussi, Michèle Dray-Fitoussi, Chantal Levy-Rameau, Philippe Sorez ou Maud Bodkin.

Saurel IV en vue

La chose était dans les cartons depuis un moment. Philippe Saurel a officiellement annoncé un remaniement à venir d’ici le mois de septembre : « Suite aux élections législatives, à la modification des groupes et des représentants, je mettrai en place pour l’exécutif de la Ville Saurel IV. Ce sera un remaniement à la ville de Montpellier qui concernera les élus, le cabinet et l’administration. Ces modifications auront pour but d’être plus pertinent sur l’action municipale dans toutes ses composantes au service des Montpelliérains. Et je n’exclue pas un Saurel V un an avant les municipales ».

Par ce remaniement, Philippe Saurel explique vouloir « réinjecter de l’énergie dans les nouvelles missions que l’on propose aux élus. En fait, on les bouscule un peu. Ils se remettent en question. Ils se remettent en mouvement. C’est une manière de casser les habitudes ».

Du côté du conseil de métropole aucun remaniement n’est annoncé. Bien que deux membres de son exécutif, Stéphanie Jannin (LREM) et Catherine Dardé (LR), n’aient pas réussi aux législatives, Philippe Saurel assure : « Ne confondez pas des élections nationales et des élections locales. Elles étaient dans des formations différentes, des groupes politiques différents. Ce sont des élections législatives. Je ne suis pas un maitre d’école qui sanctionne les élèves quand ils perdent une élection. Catherine Dardé est vice-présidente. Elle a perdu les élections. Ok. Mais c’est une bonne première vice-présidente ».

À un moment charnière où les lignes ont bougé au point de changer tout le paysage politique national, Philippe Saurel opère à quelques ajustements. Une manière de mettre Montpellier au diapason tout en gardant personnellement son indépendance. Un jeu d’équilibriste que certains pourraient taxer d’opportunisme. Citoyenne, Insoumise ou en Marche, Montpellier est capable de prendre un visage différent suivant le contexte. La comprendre sera la clé des municipales en 2020, que beaucoup ont déjà en tête.

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