Accidents de deux roues motorisés : prévenir l’hécatombe

ROUTES. C’est une loi des séries bien triste sur les routes de l’Hérault et dans les agglomérations, comme à Montpellier, avec de nombreux accidents mortels et comme victimes des conducteurs de deux roues motorisés. Peut-on évoquer la fatalité ? Analyse de la situation, réactions et conseils préventifs.

Un adolescent de 17 ans passager d’une moto tué à Saint-Pons-de-Thomières, le pilote dans le coma, un motard décédé sur la RD 612 vers Frontignan, un autre qui est mort au département anesthésie réanimation -DAR- au CHU de Montpellier après une effroyable collision nocturne avec une voiture sur l’avenue de Toulouse : les deux véhicules ont entièrement brûlé. Un motard a été tué et son passager grièvement blessé à Ovalie, à Montpellier toujours.

Sapeurs-pompiers, infirmiers et médecins du Sdis 34, urgentistes du Smur-Samu 34, pilotes des hélicoptères de secours, gendarmes et policiers n’en peuvent plus de découvrir des scènes terribles en arrivant sur les lieux d’un accident, avec des motards inanimés, ensanglantés, certains agonisant sur le bitume.

Partage de la route

Et puis, il y a cette liste incroyable de pilotes de motos et de scooters qui sont dans un état grave, dont trois avec le pronostic vital engagé au DAR du CHU de Montpellier, après des accidents : collisions ou sorties de route. Mai et juin auront été des mois accidentogènes pour les amateurs de deux roues motorisés.

Avec le retour des beaux jours, les adeptes des 2 roues motorisés ressortent les engins qui s’ajoutent aux véhicules, de plus en plus nombreux en ville et sur les routes. Le partage de la route doit être respecté par tous les conducteurs. Avec des règles élémentaires à ne pas violer.

>> Accidents de cyclomoteurs et de scooters : les accidents mortels surviennent autant en rase campagne qu’en milieu urbain. Et un peu plus de la moitié le sont de nuit (55%), avec un pic entre 13h et 22 h. 11% des tués à cyclomoteur ne portaient pas de casque. L’alcool est particulièrement présent : ainsi, 32 % des cyclomotoristes impliqués dans un accident mortel en 2014 étaient alcoolisés.

Parmi les motocyclistes coexistent :

  • les  usagers de motos légères (de 50 à 125 cm3) souvent des automobilistes qui, lassés des embouteillages en ville, ont choisi de circuler en scooter 125 cm3, plus pratique et maniable. Ils doivent avoir le permis B depuis au moins 2 ans et avoir suivi une formation de 7 heures
  • les usagers de motos ou scooters de plus grosse cylindrée nécessitant un permis A ou A2. La mortalité concerne majoritairement (89%) les usagers de plus de 125 cm3.

>> Accidents de motocyclettes : le pic d’accidentalité est enregistré entre 25 et 49 ans, mais les risques d’accidents mortels sont importants jusqu’à 70 ans. Le risque d’être tué en ville est plus important pour les usagers de motos légères (54%).

Près de la moitié des motards tués (47%) le sont lors de la belle saison, entre juin et septembre.

>> Somnolence sur l’autoroute

Première cause de mortalité sur autoroute, la somnolence au volant peut toucher aussi bien les motards ou scootéristes, que les automobilistes. Pour mesurer l’impact du manque de sommeil chez les motards, la Fondation Vinci Autoroutes a réalisé avec l’IRBA une étude via un simulateur de conduite sur deux roues.

Selon les résultats de l’étude, le manque de sommeil à moto augmente considérablement le risque d’accident. Ainsi, un conducteur de deux-roues fatigué fait 2 fois plus d’excès de vitesse et de franchissements de lignes inappropriés. Mais surtout, il risque de chuter 14 fois plus. Aussi, il subit fréquemment des épisodes de micro-sommeils (3-15 secondes), alors qu’ils ne sont quasiment pas présents chez un conducteur en forme.

Les premiers signes de fatigue ont lieu dès la première heure de conduite en général. A ce moment là, les erreurs sont décuplés : oubli des clignotants, non-respect des feux rouges, excès de vitesse…

La conduite d’une moto fatigue plus rapidement le conducteur, il faut donc prévoir des pauses plus fréquentes qu’en voiture, au moins une toute les heures. Une fois arrêté dans un endroit sûr, une aire de repos par exemple, prenez un café puis faites une courte sieste et des étirements.

Selon des statistiques de 2014, les adolescents de 15 à 17 ans constituent plus de 3% des tués, près de 6% des blessés et 6,5% des blessés hospitalisés. À l’adolescence, la conduite d’un cyclomoteur ou scooter 50 cm3 est le principal risque, puisque cela occasionne 38 % des tués dans cette tranche d’âge. Le pic des accidents de cyclomoteur et de scooter a lieu entre 15 et 18 ans, âge où la pratique est la plus importante.

>> Accidents des jeunes adultes de 18 à 24 ans : entre 18 et 24 ans, le risque est essentiellement lié à l’usage de la voiture : cette tranche d’âge représente près d’1/4 (23%) de la mortalité automobiliste ; et 66% des tués entre 18 et 24 ans le sont en voiture. Après la voiture, c’est à en scooter et à moto que les jeunes de 18 à 24 ans se tuent sur la route (18%).

La risque est particulièrement aigu le week-end, avec plus d’une fois et demie plus de risque de décès que les autres jours, du lundi au jeudi. Plus de la moitié des décès de jeunes (57%) dans un accident de la route se produisent la nuit.

Le risque lié à l’usage des motos, cyclos et scooters reste toujours très important : 30% des tués et 33% des blessés. La part des conducteurs alcoolisés impliqués dans les accidents mortels diminue avec l’âge : elle est de 23,1% entre 25 et 44 ans –  soit un taux équivalent aux plus jeunes conducteurs -, et de 13,7% entre 45 et 64 ans.

>> La tentation de la vitesse à moto : la vitesse est une tentation facile lorsqu’on roule à moto. Les motards militants, et ils s’expriment généralement avec vigueur sur le sujet, n’apprécient pas qu’on le leur rappelle. La Prévention routière et Assureurs prévention se basent « sur les études détaillées d’accidents et des projets de recherches menés par l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifstarr) » pour constater que beaucoup d’accidents impliquant des motards seuls ou en collision avec des véhicules sont dus à une vitesse excessive.

Reste que souvent, ce sont des écarts de conduite brutaux et dangereux d’automobilistes ou de chauffeurs-routiers qui blessent ou tuent les pilotes de scooters et de motos, comme un demi-tour sur une ligne droite ou des feux rouges brûlés. Des fans de bécanes qui dénoncent l’irresponsabilité de certains maires qui multiplient des dos d’âne dangereux, comme les adhérents de la fédération des motards en colère l’ont montré récemment.

>> Analyse d’un spécialiste : interrogé, Frédéric Jeorge, de la Fédération européenne des associations de motards (FEMA), relève en commentant des études récentes, dont celle de la Prévention routière, « l’existence systématique de plusieurs causes » et « les scénarios d’accidents sont assez justes ». Il « regrette un peu que le motard représenté soit systématiquement en sur-vitesse en ville, ce n’est quand même pas forcément le cas ». Il arrive donc parfois que des motards respectent les limites de vitesse.

Un conseil à l’aube de ce nouveau week-end ensoleillé et attractif pour prendre la route vers la montagne et vers les plages : respectez le code de la route, on ne le répètera jamais assez. Et pour y veiller, policiers de la Sécurité publique et gendarmes de l’Hérault seront de nouveau sur les bords des routes, aux points noirs et en agglomération.

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