VACANCES. Jean-Luc Cousquer, le président de l’office de tourisme de Montpellier Méditerranée Métropole -3M- et André Deljarry, président de la chambre de commerce et d’industrie -CCI- de l’Hérault ont présenté le bilan de la saison estivale. S’il était exceptionnel à la même période en 2016 malgré un contexte national difficile, celui de cette année s’avère plus décevant.
« Juillet a été long a démarré et a déçu par la suite », analyse Jean-Luc Cousquer qui donne plusieurs explications comme les congés scolaires plus tardifs, l’année électorale… « Août a été beaucoup plus satisfaisant avec une fréquentation importante », mais le président de l’office de tourisme de 3M ne parle là que d’un ressenti. Les chiffres de l’Insee ne sortant qu’en octobre. Et il ne faut pas oublier septembre, avec « une activité soutenue ».
Pouvoir d’attraction
La région Occitanie -Pyrénées-Méditerranée- n’a nullement perdu son pouvoir d’attraction, puisque la fréquentation est satisfaisante. « Avec la Charente, nous sommes l’un des territoires les moins sinistrés », relève André Deljarry qui, comme depuis quelques années maintenant constate « une baisse du panier moyen. Essentiellement sur le littoral et un peu moins dans l’arrière-pays ».
Un constat qui oblige les acteurs du tourisme à se renouveler et à revoir certaines choses. « Il faut avoir une attitude de coopération et présenter des offres intéressantes qui séduisent » pour Jean-Luc Cousquer, qui peut mettre en avant une fréquentation importante avec des indicateurs signes d’optimisme : « L’attractivité sur l’aéroport a explosé cette année. Cela montre que la capitale métropolitaine attire de plus en plus de monde ».

L’Office de tourisme a une nouvelle fois joué pleinement son rôle d’accueil. Sur les mois de juillet et août, 139’659 personnes sont venues se renseigner, soit une moyenne de 2250 par jour, avec un record la journée du mardi 8 août, avec 4512 personnes.
Les visites guidées ont séduites 4300 personnes, auxquelles ont peut ajouter les 1000 personnes ayant assisté aux quatre représentations du Médecin malgré lui à la faculté de Médecine. Les audiences du site Internet et de la page Facebook sont en constante augmentation. Le petit train qui sillonne les rues de l’Écusson a été encore prisé par les touristes.
Inquiétude dans la restauration et l’hôtellerie
Du côté des professionnels du tourisme, l’inquiétude est palpable. Jacques Mestre, le président de l’Union des métiers des industries et de l’hôtellerie Languedoc-Roussillon, alerte les politiques locaux : « Battez-vous pour les vacances scolaires. Plus elles sont raccourcies, moins il y a de touristes ».
Le bilan de la saison dans ses filières est malheureusement simple : « Nous tirons la langue. L’hôtellerie souffre et la restauration encore plus ». Et d’interpeller tous les acteurs : « On est tous complémentaires ».
Signalétique sur l’autoroute
Pour Philippe Étourneau, le président du GNI-SYNHORCAT Languedoc-Roussillon, la situation est « très insatisfaisante ». Il avance plusieurs explications concernant la baisse de 10% à 20 % du chiffre d’affaires dans l’hôtellerie comme, « la baisse de congés importants générant des nuitées » ou « la perte de clientèle de passage due aux problèmes de la signalétique sur l’autoroute ».
André Deljarry confirme ce dernier point avec une hausse de 30 % de la fréquentation des hôtels à Lunel et Sète, extrémités de la portion des autoroutes A9 et A709 concernée par les absences de destinations majeures, comme l’aéroport ou les plages. « Comment une bêtise autoroutière peut engager des problématiques » commente le président de la CCI de l’Hérault, qui confie que le chauffeur de François Hollande en déplacement dans la région mercredi, aurait loupé une sortie pour ces raisons.
Les services de l’État ont été saisis, afin de réparer cette incohérence qui porte également préjudice à l’aéroport.

Philippe Étourneau aborde un problème beaucoup plus important, avec la concurrence des plateformes en ligne de location de meublé entre particuliers. Le ratio location de meublé / hôtellerie serait de 140 % à Montpellier : « Dans les autres villes, y compris à Paris, on n’est pas sur un ratio si fort. On a le ratio le plus fort de France ».
Meublés : un manque à gagner
Il y aurait près de 6000 locations de meublés -12 000 lits estimés- pour 7000 lits d’hôtels. Et sur ce nombre seulement 236 payent la taxe de séjour. Un manque à gagner évident pour les collectivités : « Vous avez des gens, et cela m’a été confirmé par des agents immobiliers et des établissements bancaires, qui investissent et achètent des logements uniquement pour faire de la location de meublé pour touriste. C’est une activité qui devient professionnel, lucrative et pour la plupart non déclarée ».
Des délibérations devraient être prises dans les mois à venir au sein du conseil de métropole. Philippe Étourneau a travaillé avec Max Lévita, délégué aux finances pour améliorer les choses en faveur de l’hôtellerie et encadrer un peu plus les locations de meublé : « Il a pleinement pris conscience des enjeux aussi bien pour nous, que pour la ville en terme financier, de logement et d’impact urbanistique ».
Prise de conscience impérative
Si l’on n’est pas encore à Montpellier dans la situation de Barcelone -attentats sanglants obligent-, Philippe Étourneau invite à une prise de conscience sérieuse, impérative, des élus sur ce sujet : « On a vu tout l’été des touristes défiler avec des valises devant nos hôtels et on restait tous les soirs avec des chambres vides. Cela fait mal au coeur. On a l’impression que le centre-ville se transforme complètement en location de meublés ».
Si d’un côté les hôteliers pâtissent de la situation, il n’en reste pas moins, que la clientèle de ces plateformes sont des visiteurs et donc des consommateurs pour d’autres commerces locaux. Une équation qu’il sera important de résoudre dans les années à venir afin de satisfaire pleinement tous les acteurs du tourisme.
