Aéroport de Montpellier : la taupe n’était autre que le contrôleur de gestion

INFO MÉTROPOLITAIN. L’actuel trésorier national et membre du conseil d’administration de l’association de lutte anti-corruption Anticor, le Montpelliérain Christophe Hébert a été débouté par la chambre sociale de la cour d’appel de Montpellier de sa procédure engagée contre son ex-employeur, l’Aéroport de Montpellier Méditerranée pour harcèlement moral et son licenciement pour faute grave. Révélations sur cette incroyable affaire d’une taupe au sein du directoire de l’aéroport.

Dans un arrêt du 28 juin dernier, les juges de la cour d’appel ont confirmé dans son intégralité le jugement rendu le 14 avril 2014 par le conseil des prud’hommes de Montpellier. À l’audience du 10 mai dernier, Christophe Hébert avait réclamé 180’000 € de dommages et intérêts pour harcèlement moral et pour faire annuler son licenciement pour faute grave. Comme en première instance, il a été débouté et il est même condamné à payer 1000 € à l’Aéroport Montpellier Méditerranée.

Embauché en 2002

Le rapprochement entre l’aéroport de Montpellier, sise à Mauguio et Christophe Hébert remonte au 25 juillet 2002, date de son embauche en qualité de contrôleur de gestion, au sein de cette société, dont l’activité est la vente, l’installation et la maintenance de systèmes de sécurité électronique.

Tout se passe à peu près bien jusqu’en 2009, quand les relations internes se gâtent : Christophe Hébert est mis à pied pendant trois jours, le 23 mars. Une sanction disciplinaire, « en raison du comportement négatif, irrespectueux, blessant, méprisant, agressif, dédaigneux et condescendant à l’encontre de certains collègues de travail », est-il écrit dans l’arrêt de la cour d’appel de fin juin.

Plaintes de collègues de travail

Quatre mois après, 31 juillet 2009, Christophe Hébert est pourtant promu responsable de la comptabilité de gestion de l’aéroport. Trois an plus tard, en juin 2012, une procédure aboutissant à son licenciement pour faute grave est engagée. Dans sa lettre, la direction de l’Aéroport de Montpellier Méditerranée liste et détaille les motifs, dont une défaillance dans ses fonctions de responsabilités managériales : « Vous deviez superviser, animer et encadrer les équipes dédiées à la production et l’analyse des états comptables et financiers de la structure. Il vous incombait d’organiser le travail des salariés de votre service, or, force est de constater que vous avez été défaillant à remplir cette mission. Des salariés de votre département de sont plaints des difficultés qu’ils rencontrent pour définir précisément leurs tâches et celles de leurs collègues de travail; il en découle des tensions incessantes ayant abouti à une plainte d’une salariée de votre service auprès des représentants du personnel en mai 2012 (…) après de précédentes plaintes de collègues en 2008 ».

Listing des appels téléphoniques

Mais, c’est la découverte inattendue dans l’ordinateur de Christophe Hébert d’un listing où apparaissaient tous les appels entrants et sortants des téléphones portables et des lignes fixes des membres du directoire de l’Aéroport de Montpellier Méditerranée, dont ceux d’Emmanuel Brehmer qui précipitait la procédure du licenciement. « Vous avez mené des investigations personnelles pour identifier les propriétaires des lignes téléphoniques contactés par Emmanuel Brehmer pendant toute l’année 2011 », est-il indiqué dans l’arrêt, confirmant la plaidoirie accablante de maître Nicolas Perroux, l’avocat de l’Aéroport.

Lanceur d’alerte

Lors des audiences, tant devant la section d’encadrement des prud’hommes, que devant la chambre sociale près la cour d’appel, le contrôleur de gestion remercié a évoqué avoir joué le rôle de lanceur d’alerte pour dénoncer des faits présumés de corruption au sein du directoire de l’aéroport et ce auprès des autorités administratives et judiciaires, plaidant que son licenciement était directement lié.

Un moyen de défense écarté par les juges et pour cause : « La procédure de licenciement pour faute grave contre Christophe Hébert a été initiée le 7 juin 2012, alors que la première alerte a été faite postérieurement à la réception de sa lettre recommandée avec accusé de réception pour son entretien préalable en vue d’une mesure de licenciement avec mise à pied conservatoire, soit en date du 14 juin 2012. Il a été démontré que M.Hébert n’avait pas diligenté d’alerte auprès des autorités administratives et judiciaires préalablement à son licenciement ».

Pressions exclues

Christophe Hébert a assuré, lors des deux procès, « avoir subi des pressions visant à l’empêcher d’alerter les autorités quant aux délits constatés dans le cas de mon activité professionnelle », sans convaincre. L’ancien contrôleur de gestion a, par ailleurs estimé pour sa défense que, « la surveillance des communications téléphoniques, dont celles des membres du directoire faisait partie de ses attributions ». En clair, il est reproché que ce cadre épiait illégalement les activités des membres du directoire.

Les juges ont, toutefois eu une autre approche : « Il n’appartenait pas à M.Hébert, responsable administratif comptabilité de veiller au coût des charges de la société et de procéder à un contrôle des frais », soulignent-ils dans leur récent arrêt.

La taupe au sein du directoire de l’Aéroport de Montpellier Méditerranée a ainsi été démasquée. Avec le recul et à l’issue des deux procès perdus par l’ex-conseiller de gestion, Emmanuel Brehmer comprend mieux l’acharnement médiatique ayant visé l’Aéroport de Montpellier Méditerranée, dans le collimateur de l’association de lutte anti-corruption Anticor, dont le correspond local n’était autre que Christophe Hébert.

Depuis, il a bien rebondi, puisqu’il a été élu membre du conseil d’administration et trésorier national d’Anticor, tout en restant un des très actifs responsables de l’association de lutte anti-corruption pour Montpellier et pour la région Occitanie, en collaboration avec Marie Hugon. Le président national d’Anticor fraîchement élu, Jean-Christophe Picard va sans nul doute être heureux d’apprendre les drôles de méthodes utilisées dans un passé récent par celui qui dénonce aux citoyens les maires d’ici, qui refusent de signer la charte Anticor.

Ainsi, Christophe Hébert n’avait pas hésité à montrer du doigt le maire de Montpellier, Philippe Saurel, accusé de trop tarder à signer cette charte. Une histoire qui ressemble à celle de l’arroseur arrosé.

Christophe Hébert -à droite sur la photo- fait la chasse aux maires de la région qui refusent de signer la charte Anticor.

 

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