HOMMAGE. Françoise Fassio, une alerte et rayonnante montpelliéraine de 78 ans n’oubliera jamais la réception de jeudi soir sous les ors de la République, dans le salon d’honneur de la préfecture de l’Hérault. Les insignes d’officier dans l’ordre national du mérite ont été épinglées sur sa robe par le préfet, Pierre Pouëssel. Une cérémonie émouvante, en présence de sa famille et de nombreux amis.
Françoise Fassio qui cultive la discrétion n’en reste pas moins une femme dynamique et pétillante. Directrice de la protection maternelle et infantile à la retraite, elle est également secrétaire nationale d’Enfance et Famille du Parti Radical, sans parler d’autres activités bénévoles au sein d’associations locales et régionales, qui militent notamment pour améliorer le sort des femmes, des couples et des enfants.
Elle est actuellement à la tête de la structure Adages, ce qui l’occupe beaucoup. Françoise Fassio fut une des pionnières de la lutte pour la parité femmes-hommes. Elle était au côté de Françoise Giroud en 1975 pour leur combat via 101 propositions. 50 ans après, l’ancienne déléguée à la condition féminine pour l’ex-région Languedoc-Roussillon se souvient. Elle répond à quatre questions pour Métropolitain :
>> À chaud, comme ça, qu’est-ce que vous retenez de cette lutte ?
50 ans après, il y a toujours les questions de l’avortement et de la contraception, même s’il y a eu des avancées. Je relève qu’on parle plus de la femme en politique maintenant qu’en 1975, d’ailleurs, il y a des femmes maires. Le problème de l’égalité professionnelle se pose encore. La loi des genres était déjà d’actualité en 1975 en Europe, grâce à une féministe italienne, elle en parlait déjà. Bref, 50 ans ont passé et il y a toujours les mêmes débats. Ce qui est frappant, c’est la nette évolution du maternage par les pères. Ils sont incontestablement plus présents dans l’éducation de leurs enfants que dans les années 80 et 90, il y a un progrès énorme.
>> Quelles étaient les principales 101 propositions de 1975 ?
Des obligations positives pour les femmes sur la nationalité, le droit au divorce, le regroupement familial, la contraception, la recherche de paternité, les droits sociaux, l’égalité professionnelle, l’accès au travail, la prostitution, etc. On avait fait un questionnaire soumis à tous les responsables des associations de l’ex-région Languedoc-Roussillon pour savoir quel était le souhait des femmes pour obtenir l’égalité. On avait bâti 101 propositions, dont certaines restent d’actualité en 2017. Beaucoup de ces propositions ont été faites entre 1975 et 1981. Après, avec des gouvernements différents de gauche avec François Mitterrand en 1981 et de droite, on a repris et amélioré la quasi totalité de nos 101 propositions. Avec par exemple, la loi sur l’avortement : on a un peu allongé le délai pour pouvoir faire une IVG, Il y a eu une campagne en faveur des femmes seules pour élever leurs enfants, je me souviens très bien, sur lequel on a beaucoup travaillé. Maintenant, c’est un grand sujet, combien de femmes sont seules pour s’occuper de leurs enfants !? Regardez le problème des femmes de commerçants, d’artisans, d’entrepreneurs, d’agriculteurs, de viticulteurs, d’apiculteurs qui travaillent avec leur mari et qui n’ont pas de salaire. Nous nous en étions émus dès 1975. Il n’y a pas eu d’évolution spectaculaire. L’absence de reconnaissance salariale est récurrente, 50 ans après.
>> Comment s’est passée votre rencontre avec Françoise Giroud ?
J’étais médecin de protection maternelle infantile, la pédiatrie sociale. On a ouvert à Montpellier le premier centre de contraception de l’Hérault. À cette occasion, j’ai été nommée dans le comité des droits des femmes de Françoise Giroud, que j’ai rencontrée. C’est un des meilleurs souvenirs de ma vie. Je suis allée la voir, je parlais avec elle comme avec vous, là. En 1976 ou 1977, j’ai organisé une grande journée à Montpellier, elle m’avait fait l’honneur de venir. Cette rencontre avait été organisée salle Pétrarque par la préfecture de Région, à l’époque la Région Languedoc-Roussillon et tombait en pleine crise viticole, avec des manifestations musclées de viticulteurs. Le préfet n’était pas très à l’aise. Il m’a dit ‘‘c’est de la folie, ça va foutre la révolution’’, il avait peur ! Tout a été au top : François Giroud a pu échanger avec des femmes de viticulteurs. Ça a débouché sur la nomination d’une correspondante dans chaque département de LR. On a mis en place le centre d’information féminin, devenu le centre d’information des droits des femmes, financé par l’Etat et le Département.
